A Orléans, Pôle emploi et les chômeurs "font avec" le Covid

"C'est bien organisé, de toute façon c'est le Covid": dans une agence Pôle emploi du centre-ville d'Orléans, les chômeurs s'adaptent avec fatalisme à la donne en ces temps de confinement, comme les conseillers, qui jonglent entre présence sur place et télétravail dans la "solidarité".

"Beaucoup de choses ont été mises en place pendant le premier confinement donc les demandeurs d'emploi ont appris comment faire" et "font avec" le contexte actuel, affirme la directrice de l'agence Axelle Lecolloec.

"Ils savent qu'en cas de difficultés ils peuvent se présenter", mais ne le font pas "en masse", les usages numériques pour accéder à l'ensemble des services à distance ayant notamment progressé, dit-elle.

Dès le lendemain de l'annonce du nouveau confinement fin octobre, l'opérateur avait indiqué que ses quelque 900 agences resteraient ouvertes dans le "respect des consignes sanitaires".

L'agence d'Orléans, qui compte une soixantaine de conseillers et suit "un peu moins de 10.000 demandeurs d'emploi", avait déjà maintenu un service d'"urgence" au printemps. Elle fonctionne actuellement avec 15 à 20 personnes sur place et du télétravail, selon la responsable, qui arbore un badge siglé Pôle emploi "On est là pour vous".

De fait, certaines personnes ne peuvent pas être accompagnées à distance, en raison de "problématiques d'accès" au numérique ou de compréhension, par exemple de la langue.

Et même si "paradoxalement, les jeunes sont les plus équipés en smartphones", "la plupart" sont aussi reçus pour leur premier entretien, ayant besoin d'être accompagnés, ajoute la directrice.

En ce jeudi matin, trois agents sont à l'accueil derrière du plexiglas, dans la vaste salle où chaque espace est identifié par une couleur vive (jaune pour la salle d'attente, vert pour l'"accès-minute", etc). Masques, gel, et jauge maximale sont de rigueur.

Non, loin, une manager veille, prête à intervenir en cas de litige ou pour une personne "très en difficulté", Nathalie, la titulaire du moment assurant que tous ont "le coup d'oeil".

- "Hyper compliqué" -

Dans cette agence "fortement impactée par l'intérim", Hamid, 50 ans, et sa femme Imane, sont venus apporter une copie de la carte d'identité du premier, qui espère avoir une mission chez Amazon. Ils se sont déplacés parce que la demande n'était "pas claire" pour eux, explique Imane, dans un français pas très assuré. Cette Marocaine de 35 ans, inscrite comme son mari italien, constate qu'avec la jauge, "il faut attendre plus, mais c'est la vie".

Non loin de là, Aslambek, 50 ans, vient s'inscrire pour la troisième fois et se dit "inquiet", tandis que Didier, 51 ans, qui cherche un emploi depuis un an et demi dans la maintenance, craint qu'on ne lui préfère un jeune.

Pour les aider, l'agence d'Orléans a pu bénéficier des renforts alloués à Pôle emploi (2.800 recrutements annoncés à l'été): 3 conseillères sont arrivées en septembre.

Entre réunions en visioconférence, appels, mails ou boucle Whatsapp, les conseillers ont trouvé des manières de "garder le lien".

Conseillère auprès des entreprises, Sophie Le Toux assure travailler en étroite collaboration avec ses collègues. "On se mobilise vraiment sur les jeunes", dit-elle, notamment dans la logistique ou le BTP qui continuent à recruter.

Sa consoeur Nathalie Rome évoque des jeunes diplômés parfois "très inquiets".

C'est le cas d'Anne 26 ans, qui patiente sur une chaise avant son tout premier rendez-vous et pense que "ça va être hyper compliqué". Titulaire d'un master 2 en marketing, elle devait débuter un CDD à Hong Kong dans les vins et spiritueux, mais avec le coronavirus "forcément j'ai sauté", raconte-t-elle.

Selon les derniers chiffres publiés fin octobre, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi en catégorie A (sans activité) a atteint 3,9 millions au 3e trimestre en France (hors Mayotte). En incluant les demandeurs d'emploi en activité réduite (B et C),l'effectif s'établit à 6,08 millions.

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