Orange ou rouge ? Comment Météo-France jauge les vigilances

Orange ou rouge? Les "vigilances" de Météo-France, créées après la tempête de 1999 pour mieux informer population et pouvoirs publics, relèvent à chaque fois d'un délicat travail de prévision, surtout pour les phénomènes d'orages, comme ceux qui se sont abattus sur l'Aude.

Le phénomène cévenol qui a frappé l'agglomération de Carcassonne était dans le viseur des météorologues depuis jeudi, explique Marc Pontaud, directeur de recherche chez Météo-France, mais il est resté longtemps "brouillé" par le déplacement d'une bande nuageuse liée à un cyclone moribond. "Une situation rarissime", selon lui.

"Dès vendredi, la protection civile et le ministère de l'Intérieur ont été alertés du fait que quelque chose allait se produire dans la nuit de dimanche à lundi", relate-t-il.

"Dimanche, 4 départements sont d'abord placés en vigilance orange. Dans la nuit, un ingénieur de Météo-France est à Beauvau, comme le prévoit le protocole en cas de situation compliquée. Les prévisions nous annoncent beaucoup de pluie, mais ce n'est que dans la nuit que les choses vont se préciser: et le phénomène localisé autour de Carcassonne, on ne l'a que vers 5h00 du matin!"

L'Aude est ainsi placée en vigilance rouge pour "pluies-inondations" dans le bulletin de 6h00.

La différence entre orange et rouge? Dans le premier cas, Météo-France avertit d'un phénomène "intense, potentiellement dangereux", conseillant notamment au public d'éviter de se déplacer. Quand la vigilance est rouge, "on dit +il va y avoir phénomène exceptionnel avec des conséquences, mettez-vous à l'abri+", résume l'expert.

Lundi, Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Frédéric de Lanouvelle, regrettait sur LCI "une fragilité au niveau de la vigilance orange (...) qui est très souvent utilisée et quand il y a un vrai problème, les gens n'en tiennent plus compte".

Ce à quoi Météo-France répond par des statistiques: "chaque année un département en France voit 5 à 10 vigilances orange. Pour l'Aude, c'est 2 ou 3 vigilances oranges annuelles pour fortes précipitations. Ce n'est pas tant que ça", note M. Pontaud.

"Ce qui nous importe est de ne pas avoir de non-détection d'événements", dit-il: "On est entre 2-3 % d'événements ratés par an. Et environ 15% de fausses alarmes", un chiffre qu'il est difficile de diminuer.

Établissement public, Météo-France se voit de fait fixer par l'État des "objectifs de performance" : taux de non détection inférieur à 3% et taux de fausses alarmes inférieur à 20%.

En 2017, l'Hexagone a connu 78 vigilances orange dont 47 pour orages, 10 pour pluies-inondations et 2 inondations seules. Il y a eu seulement deux vigilances rouges, pour vents violents, en janvier et février

Cette année 2018 a déjà connu plusieurs vigilances rouges, dont en janvier pour inondation dans le Doubs et le Jura, et la toute première pour avalanche dans les Alpes.

Au total ce sont 28 épisodes de vigilance rouge que Météo-France et le Schapi, l'organisme parent qui suit les crues, ont déclenchés depuis l'instauration de ce fameux mécanisme de couleurs fin 2001.

Dans les 5 à 10 ans, les météorologues attendent de nouveaux progrès en termes de localisation, M. Pontaud rappelant que le plus délicat pour la prévision ce sont "les précipitations, orageuses ou neigeuses".

Ainsi pour la neige, "le plus difficile est de savoir si c'est de la neige ou de l'eau qui va arriver sur le sol. Et en plaine cela se joue à trois fois rien en terme de température", dit-il, relevant en revanche les grands progrès faits sur le suivi des vents de grande échelle.

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