OpenAI, les coulisses d'une explosion en vol sans précédent

Star de la Silicon Valley, Sam Altman a été évincé de sa propre start-up OpenAI, créatrice de ChatGPT, puis embauché par Microsoft. Explications sur ce coup de théâtre, au sein d'une entreprise devenue un phénomène mondial.

Question: quel est l'intérêt de Microsoft dans ce dossier?

Réponse: Microsoft est depuis sept ans le partenaire incontournable d'OpenAI, son financeur et son débouché. Sans ses supercalculateurs, qu'il a ouverts à OpenAI, il n'y aurait pas d'entraînement de ses grands modèles de langage sur d'énormes masses de données, et pas de ChatGPT, l'IA avec laquelle le grand public peut dialoguer.

La puissance de calcul, que seuls détiennent les trois géants Google, Microsoft et Amazon, est le fluide vital des modèles d'IA. En échange, Microsoft est devenu distributeur des produits d'OpenAI auprès de ses clients en les intégrant dans ses logiciels (Word, Excel, Teams, Outlook, etc.) Il est aussi actionnaire minoritaire - à un niveau non divulgué - de la branche privée d'OpenAI, contrôlée par la fondation originale, à but non lucratif.

Malgré ce rôle-clé et des investissements de plusieurs milliards de dollars, faute de siège au conseil d'administration de sa pépite, Microsoft n'avait même pas été informé de l'intention d'évincer Sam Altman vendredi. Un coup d'État notamment fomenté, selon la presse, par des partisans du non lucratif. Son investissement risquait donc d'exploser en vol.

Question: un retour de Sam Altman est-il possible?

Réponse: Trois jours plus tard, retournement de situation: Microsoft a annoncé lundi l'embauche de Sam Altman et de ses plus proches collaborateurs. Le but, a expliqué son PDG Satya Nadella à Bloomberg mardi, est de développer son "leadership" dans les modèles de langage.

Avec Sam Altman, qu'il espère voir s'investir "à plein temps chez Microsoft", le dirigeant dit vouloir "créer une nouvelle équipe dans l'IA, avec de grandes ambitions".

Pour autant, Microsoft n'exclut pas un retour de Sam Altman au sein de OpenAI. Mais Satya Nadella est formel: il faudra alors "des changements de gouvernance, pour éviter des changements soudains où nous ne serions pas dans la boucle. Nous nous assurerons que les changements nécessaires seront faits, pour nous permettre de continuer un bon partenariat avec OpenAI".

Question: OpenAI va-t-il survivre ?

Réponse: Près de 700 des 770 salariés d'OpenAI ont menacé de démissionner si Sam Altman ne revenait pas. Si cela se produisait, difficile d'imaginer la survie de la société. Et comment fonctionner sans le soutien vital des supercalculateurs de Microsoft? Satya Nadella a d'ailleurs averti que son groupe travaillait aussi avec d'autres grands modèles de langage.

Surtout, même si ChatGPT avait pris une longueur d'avance, OpenAI fait face à une pléthore de concurrents. Pour la création d'images, son logiciel DALL-E est largement concurrencé par des indépendants comme MidJourney et Stable Diffusion.

Côté texte, plusieurs start-up ont été créées par des fondateurs ou ingénieurs venus d'OpenAI, comme Anthropic, xAI d'Elon Musk et InflectionAI. Les géants de la tech Google et Meta ont développé leurs propres modèles, Bard et Llama 2, qu'ils intègrent à leur produits.

Mais tous sont concurrencés par la communauté "open source", comme l'avait prophétisé un ingénieur de Google en avril: de plus en plus de challengers commercialisent des logiciels d'IA nés de modèles en source ouverte, qu'ils adaptent aux besoins de leurs clients, pour des coûts de développement modestes.

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