Nucléaire: le gouvernement interpellé sur le rôle de nouveaux acteurs privés

Le gouvernement a été interpellé mardi à l'Assemblée nationale sur le rôle annoncé d'acteurs privés dans l'industrie nucléaire française, chargés en particulier de proposer de futurs "petits réacteurs modulaires".

La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a répondu en soulignant "l'excellence" de la filière nucléaire française.

La ministre était interrogée par le député LFI Maxime Laisney sur le projet gouvernemental de réforme de la sûreté nucléaire, et un argument donné à cette réforme par le patron de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Le président de l'ASN Bernard Doroszczuk, auditionné le 8 novembre à l'Assemblée, avait justifié ce projet notamment par "les modes de fonctionnement qui sont les nôtres et qui devront évoluer face aux nouveaux acteurs - qui ont une logique très différente des quatre interlocuteurs que nous avons aujourd'hui, et qui demain seront plusieurs dizaines".

Le reponsable évoquait là les porteurs de projets de "petits réacteurs" (SMR, AMR...), destinés par exemple à alimenter les industries énergivores.

Pour le député Maxime Laisney, "le conseil constitutionnel a confirmé qu'EDF dispose d'un monopole de production d'électricité nucléaire. Vous allez donc confier celle-ci à des entreprises privées, qui auront passé des contrats avec de gros clients". "Qui peut croire qu'elles prendront le risque financier d'arrêter leur réacteur en cas de risque sur la sûreté comme EDF le fait aujourd'hui?", a-t-il demandé, estimant que "la conjugaison des obsessions atomiques (du gouvernement, NDLR) et de la main invisible du marché pourrait se traduire en irradiations bien réelles".

Pour Agnès Pannier-Runacher, "la privatisation du nucléaire est (une) nouvelle invention pour jeter le discrédit sur une filière qui réunit 220.000 hommes et femmes qui sont à notre service et qui chaque matin nous livrent une électricité bas carbone compétitive".

"Vous parlez de privatisation, mais qui a organisé la montée (de l'Etat, NDLR) au capital d'EDF? C'est ce gouvernement", a-t-elle encore répondu, accusant le parlementaire de "raconter des bobards".

Dans le contexte de relance de l'atome, le gouvernement souhaite réunir l'ASN avec l'Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN) afin de fluidifier les décisions. L'intersyndicale de l'IRSN, des experts et des élus y sont opposés au nom de l'indépendance de l'expertise qu'incarne le système dual ASN/IRSN, né des leçons de Tchernobyl.

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