"Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs", a déclaré la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit "soutenir totalement" les paysans dans leur combat pour un "juste revenu".
"Je ne suis pas du tout mal aimée des agriculteurs", a assuré cette petite-fille de paysans du Pas-de-Calais, après avoir caressé des vaches bazadaises, une espèce menacée élevée dans une exploitation bio de Villebichot (Côte-d'Or), près de Dijon.
"J'ai même rencontré Interbev", l'association du bétail, "alors que je suis végane depuis 15 ans", a martelé Marine Tondelier. "Les fermes, c'est le type de déplacement que je fais le plus !", a-t-elle ajouté.
La visite de ce mardi en Bourgogne, avec une forte délégation écolo, sera donc suivie de "nombreuses autres" d'ici au Salon de l'agriculture, qui débute fin février. Mais cela était prévu, comme chaque année, et n'a rien à voir avec l'actuel mouvement des agriculteurs, soulignent les écolos.
"Je n'ai aucun problème à aller sur les barrages. On l'a fait", a encore dit la patronne des anciens EELV. Elle a cependant reconnu n'avoir "pas bien été accueillie en Lot-et-Garonne", fief de la Coordination rurale, fin mars.
Dans le ras-le-bol général, les exigences supplémentaires pour s'adapter au changement climatique ont du mal à passer, a admis pour sa part le député européen Benoît Biteau. "Tant que la profession crève, rien de plus ne sera acceptable", a-t-il jugé, en réclamant une juste "rémunération de ceux qui prennent soin de la nature".
Alors que les agriculteurs sur les barrages s'opposent souvent au "Pacte vert" européen qui vise notamment à réduire l'utilisation des pesticides dans l'UE, Mme Tondelier a estimé que l'agriculture avait "besoin de l'Europe" et même de normes.
Les normes ne sont "pas le mal incarné", "elles protègent aussi les agriculteurs contre la concurrence déloyale de poulets industriels venus de l'étranger par exemple", a-t-elle déclaré.
"Ce n'est pas nous qui avons enfermé les agriculteurs dans un système productiviste", a poursuivi Mme Tondelier, profitant de son déplacement en Bourgogne, dans deux fermes bio acquises à sa cause, pour dénoncer le manque de soutien de l'agriculture sans pesticide.
Les exploitations bio bénéficient actuellement d'environ 350 euros l'hectare de subventions les cinq premières années de leur conversion mais, passé ce délai, ne reçoivent plus que 70 euros l'hectare. "Ainsi, beaucoup d'entreprises bios sont à genoux", a témoigné Julien Bourgeois, administrateur de BIO Bourgogne-Franche-Comté (BIO BFC), association qui promeut le bio.