Notre-Dame-des-Landes: l'exécutif prépare son annonce et l'évacuation

L'exécutif devrait dévoiler mercredi sa décision d'abandonner - ou non - le projet très controversé d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, tandis que l'opération d'évacuation du site se profile avec l'arrivée en Loire-Atlantique de renforts de gendarmes et CRS.

Le gouvernement se retrouve mercredi matin à l'Elysée à l'occasion du Conseil des ministres, où des "échanges sur Notre-Dame-des-Landes" sont au menu, selon l'ordre du jour dévoilé mardi soir.

Très attendu, le choix pourrait être annoncé dans la foulée, ont indiqué plusieurs sources à l'AFP. Si le verdict ne devait finalement pas être dévoilé mercredi, il le sera dans les tout prochains jours.

Edouard Philippe, qui a rencontré plus de 100 élus de l'Ouest depuis dix jours et s'est rendu discrètement samedi à Notre-Dame-des-Landes, se chargera d'annoncer lui-même la décision.

En cas d'abandon, très probable selon plusieurs sources, l'alternative serait de choisir des travaux d'aménagement de l'actuel aéroport Nantes-Atlantique, comme l'envisageaient des médiateurs dans leur rapport remis le 13 décembre.

A huis clos devant les députés LREM, Edouard Philippe a reconnu qu'après ces consultations, il n'était "pas forcément plus facile de se prononcer". "Quelle que soit la réponse, elle sera mauvaise" car elle fera des mécontents, a-t-il admis.

Des renforts de sept escadrons de gendarmerie mobile, soit plus de 500 hommes, sont attendus mercredi sur place, selon une source proche du dossier, avec pour objectif de quadriller la zone et procéder à des contrôles afin d'éviter l'arrivée de civils dans la Zad.

Tôt mercredi matin, il n'y avait toutefois aucun signe visible de présence de gendarmes à proximité immédiate et dans la Zad, selon des journalistes AFP.

Plusieurs compagnies de CRS seront, elles, à Nantes et Rennes afin d'assurer le maintien de l'ordre en cas de manifestations.

Le mouvement anti-aéroport s'est donné rendez-vous mercredi à 18H00 à "La Vache Rit", une grange servant de lieu de rassemblement en plein coeur de la Zad.

- Atermoiements -

Imaginé dans les années 60, relancé en 2000, attribué à Vinci par appel d'offres en 2010, le projet d'aéroport du Grand Ouest a traversé un demi-siècle pour finalement devenir le symbole des atermoiements du quinquennat Hollande.

Malgré la victoire du "oui" (à 55,17%) au référendum consultatif organisé en Loire-Atlantique en juin 2016, l'exécutif socialiste avait renoncé à expulser les zadistes, ces opposants qui occupent illégalement les lieux.

Plutôt favorable à l'aéroport et au respect de cette consultation, Emmanuel Macron avait toutefois proposé durant la campagne présidentielle une médiation pour tenter de sortir de l'impasse.

Le rapport remis le 13 décembre par les médiateurs est venu changer la donne: tant Notre-Dame-des-Landes que l'extension de l'actuel aéroport nantais de Nantes-Atlantique sont décrits comme des options "raisonnablement envisageables". Une conclusion vivement contestée par les pro-NDDL et qui a remis en selle le second scénario.

"Si jamais on abandonne le projet de Notre-Dame-des-Landes, c'est que les zadistes auront gagné", a estimé mercredi le président des Républicains, Laurent Wauquiez.

La Zad sera "en tout cas évacuée des éléments les plus radicaux", a prévenu le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

Cette vaste "zone d'aménagement différée" de 1.600 hectares, rebaptisée "zone à défendre" par les opposants, est actuellement occupée par 150 à 200 personnes qui, selon les autorités, en ont fait un "camp retranché". Qu'ils soient pour ou contre l'aéroport, la quasi-totalité des élus locaux défendent son évacuation, cinq ans après le fiasco d'une première tentative en octobre 2012, l'opération César.

Mais une évacuation, qui mobiliserait au minimum 2.000 gendarmes mobiles, s'annonce beaucoup plus aisée si le projet d'aéroport est abandonné.

L'option la plus probable est celle d'une forme d'ultimatum pour permettre aux volontaires de quitter les lieux, selon un proche du dossier.

"Il y a d'abord un encerclement, il y aura sans doute quelques jours de donnés à ces zadistes pour évacuer, et ensuite il y aura un renfort d'escadrons pour l'évacuation", a affirmé le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, un des grands soutiens de l'aéroport.

Un éventuel abandon du projet soulève la question de l'indemnisation prévue pour Vinci qui, selon les rapporteurs, pourrait aller jusqu'à 350 millions d'euros.

Le PDG de Vinci Xavier Huillard a évoqué mardi un contrat "béton" après des rumeurs démenties de contestation de certaines clauses du contrat par l'État.

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