Notre-Dame-des-Landes: le verdict de l'exécutif imminent

L'ultime consultation s'achève, la décision est proche: l'exécutif dévoilera sous peu son choix d'abandonner ou pas le très controversé projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, où se dirigent des renforts pour procéder à l'évacuation de la Zad.

S'exprimant à huis clos devant les députés LREM en réunion de groupe, Édouard Philippe a reconnu la difficulté de prendre une décision qui fera forcément des mécontents : "quelle que soit la réponse, elle sera mauvaise" pour certains, a-t-il reconnu.

Après avoir rencontré plus de 100 élus, et ce mardi l'élue du Finistère Nathalie Sarrabezolles, le Premier ministre a admis qu'il n'était "pas forcément plus facile de se prononcer". C'est lui qui fera les annonces "bientôt", a-t-il confirmé mardi soir.

Le gouvernement a promis une décision "entre le 15 et le 30 janvier" et refuse d'être plus précis au sujet du choix le plus délicat de son début d'année. Mais l'annonce devrait intervenir dès cette semaine, vraisemblablement mercredi, affirment plusieurs sources, selon lesquelles l'abandon du projet d'aéroport tient la corde.

Sept escadrons de gendarmerie mobile font route vers Nantes et arriveront mercredi, selon une source proche du dossier, avec pour objectif de quadriller la zone et procéder à des contrôles afin d'éviter l'arrivée de renforts dans la Zad.

Plusieurs compagnies de CRS seront elles à Nantes et Rennes afin d'assurer le maintien de l'ordre en cas de manifestations, selon la même source.

Né au fin fond des années 60, relancé en 2000, attribué à Vinci par appel d'offres en 2010, l'aéroport du Grand Ouest a traversé un demi-siècle, pour finalement devenir le symbole des atermoiements du quinquennat Hollande.

Malgré la victoire du "oui" (à 55,17%) au référendum consultatif organisé en Loire-Atlantique en juin 2016, l'exécutif socialiste avait renoncé à expulser les zadistes, ces opposants qui occupent illégalement les terres du projet.

Plutôt favorable à l'aéroport et au respect de cette consultation, Emmanuel Macron avait toutefois proposé, durant la campagne présidentielle, une médiation pour tenter de sortir de l'impasse.

Le rapport remis le 13 décembre par les médiateurs nommés par Édouard Philippe est venu changer la donne : tant Notre-Dame-des-Landes que l'extension de l'actuel aéroport nantais de Nantes-Atlantique sont décrits comme des options "raisonnablement envisageables". Une conclusion vivement contestée par les pro-NDDL et qui a remis en selle la seconde possibilité.

Si Matignon n'a rien laissé filtrer, "la décision va vers un réaménagement de Nantes-Atlantique rapide et l'évacuation de la Zad", assure un parlementaire. Une autre source assure à l'AFP que l'exécutif se dirige vers l'abandon du projet.

- "Les plus radicaux" évacués -

Cette vaste "zone d'aménagement différée" de 1.600 hectares, rebaptisée "zone à défendre" par les opposants, est actuellement occupée par 150 à 200 personnes qui, selon les autorités, en ont fait un "camp retranché" avec une centaine de "militants extrémistes" prêts à en découdre.

La Zad sera "en tout cas évacuée des éléments les plus radicaux", a affirmé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, mardi sur France 2.

Qu'ils soient pour ou contre l'aéroport, la quasi-totalité des élus défendent son évacuation, six ans après le fiasco d'une première tentative en octobre 2012, l'opération César.

Mais une évacuation, qui mobiliserait au minimum 2.000 gendarmes mobiles et CRS, s'annonce beaucoup plus aisée si l'aéroport est abandonné.

"C'est un classique de l'État d'essayer de diviser les mouvements (...) Ça ne marche pas comme ça. On est tous ici pour défendre la Zad", a réagi un des zadistes lors d'un point presse mardi matin.

Soutenue par des ONG comme Greenpeace, une poignée d'élus, comme l'eurodéputé José Bové ou le député LREM Matthieu Orphelin, plaide pour renoncer à une "évacuation violente" et aller vers un "nouvel avenir" similaire à l'expérience du Larzac dans les années 70.

Le ministre de l'Intérieur n'a pas fermé la porte: "il y a toute une série de gens qui ont des projets sur la Zad, donc qui sont prêts le cas échéant à pouvoir faire autre chose", a ajouté M. Collomb, laissant là encore entendre que l'aéroport ne serait pas construit.

Un éventuel abandon du projet soulève la question douloureuse pour l'État de l'indemnisation prévue pour Vinci, qui selon les rapporteurs avoisinerait 350 millions d'euros.

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