Quelques centaines d'agriculteurs ont manifesté mercredi devant la préfecture de Lille après une opération escargot sur l'autoroute pour protester contre la mise en place des zones de non-traitement aux pesticides (ZNT) près des habitations, a constaté une journaliste de l'AFP.
A partir de 8H00, une cinquantaine de tracteurs ont d'abord roulé à vitesse réduite sur l'A25 entre Lille et Dunkerque, tandis qu'un autre convoi, parti peu avant 10H00, circulait sur l'A1 entre Paris et Lille, indique la préfecture du Nord dans un communiqué.
En fin de matinée, entre 350 et 400 tracteurs - selon une source policière - sont ensuite entrés dans le centre-ville de Lille, stationnant et bloquant la circulation autour de la préfecture du Nord, devant laquelle se tenait un rassemblement.
Les agriculteurs manifestent contre la mise en place des zones de non-traitement aux pesticides (ZNT), situées à proximité des habitations et qu'ils ne pourront plus traiter, ce qui représente selon eux un manque à gagner.
"France, veux-tu encore de tes paysans ?", "agriculture en péril", disaient notamment les pancartes, au milieu des drapeaux et gilets de la FDSEA, de la Coordination Rurale ou des Jeunes Agriculteurs du Nord et du Pas-de-Calais. Une délégation a été reçue en préfecture.
"On a l'impression que le gouvernement et Emmanuel Macron sacrifient l'agriculture au nom d'une certaine idéologie", a déclaré à l'AFP Denis Bollengier, agriculteur et membre de la FDSEA du Nord.
"On nous impose des limites cadastrales, c'est dramatique pour l'agriculture", a-t-il ajouté. "Ca n'a pas été concerté, on ne peut pas accepter quelque chose comme ça."
Le gouvernement impose depuis le 1er janvier des distances minimales d'épandage recommandées par l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses): cinq mètres des habitations pour les cultures dites basses comme les légumes et céréales; dix mètres pour les cultures hautes, fruitiers ou vignes; et 20 mètres pour les produits "les plus dangereux".
"Pour le Nord et le Pas-de-Calais, cela représente 6.000 hectares en moins. Si l'on considère que l'exploitation moyenne est de 60 ha, c'est comme si on expropriait 100 agriculteurs", a dénoncé de son côté Laurent Verhaegue, président de la FDSEA du Nord. Selon les calculs de la chambre d'agriculture du Nord et du Pas-de-Calais, "cela entraînerait une perte de chiffre d'affaires de 19 millions d'euros par an", a-t-il ajouté. Ce projet est "la mesure de trop". "Il faut arrêter avec ce climat d'agri-bashing, il y a un vrai mal-être chez les paysans", a-t-il encore insisté.
Début janvier, la FNSEA avait exigé un moratoire sur l'application de ces ZNT, en menaçant de mener des actions de protestation si elle n'était pas écoutée.