Nice: le prix des transports publics grimpe, la grogne aussi

Les dix tickets en hausse de 70%, ou l'abonnement annuel des plus de 65 ans qui grimpe de 25%: les nouveaux tarifs des autobus et tramways niçois, loin de la gratuité adoptée dans une trentaine de villes, suscitent une vague de critiques.

Mercredi, 12h15. Sur un trottoir écrasé de soleil, devant l'agence commerciale de Lignes d'Azur, comme chaque jour depuis début juillet, une cinquantaine de personnes font la queue. La plupart sont là pour renouveler leur carte d'abonnement.

Car, au-delà de la hausse du prix du billet, Lignes d'Azur a également décidé de supprimer les tickets papiers, remplacés par une carte rechargeable.

"C'est vrai, il y a eu une campagne d'information, mais nous avons été pris au dépourvu", plaide Marjorie, Niçoise de 40 ans, dans la queue "depuis 30 minutes et très énervée", préférant rester anonyme. "Comme ma carte d'abonnement ne fonctionne plus, j'ai voulu acheter une carte 10 tickets, mais quand j'ai vu que le prix était passé de 10 à 17 euros, j'en revenais pas".

"Cela fait des mois que nous communiquons, beaucoup s'y prennent au dernier moment", déplore Gaël Nofri, président de Lignes d'Azur, selon qui les tarifs "n'avaient pas augmenté depuis 15 ans".

Pour l'adjoint au maire chargé des transports, "on ne peut pas avoir 80% du coût de fonctionnement reposant sur l'impôt des ménages. Cette hausse porte donc de 20 à 25% la part supportée par les usagers".

"La métropole (NDLR: dirigée par Christian Estrosi, le maire Horizons de Nice) verse chaque année 160 millions d'euros, mais il a fallu trouver 25 millions d'euros, soit par des économies, soit par une hausse des recettes de la billetterie", explique M. Nofri, dont l'objectif est de "pousser les Niçois à souscrire un abonnement", certes en hausse, mais qui, assure-t-il, reste "le moins cher des 12 grandes métropoles françaises".

Mais, pour associations et élus de tous bords, le compte n'y est pas. Pour le rassemblement citoyen Viva !, il s'agit d'un "racket" et d'un "contresens écologique, à l'heure où nous devons réduire la pollution atmosphérique et donc l'utilisation de la voiture", ainsi qu'un "déni social", alors qu'un Niçois sur cinq "vit sous le seuil de pauvreté".

- "Transports désorganisés et chers" -

Ex-soutien de M. Estrosi, Eric Ciotti, patron des Républicains, qui prépare déjà l'élection municipale 2026, dénonce "des transports désorganisés et plus chers".

Les habitants "voient bien qu'on essaie de boucher des trous en prélevant dans leur poche, comme sur l'eau et la taxe sur les ordures ménagères", plaide le député, en stigmatisant le lourd endettement de Nice et de la métropole.

Les Verts, via Juliette Chesnel-Le Roux, dénoncent eux une hausse "effarante, en pleine période d'inflation et de crise sociale". Sans pour autant réclamer une gratuité totale, comme dans plus d'une trentaine de villes de France (Aubagne, Calais, Dunkerque, ...) et comme à Montpellier à compter de décembre prochain.

"Il est normal de faire payer les touristes. Mais comment accepter qu'il n'y ait pas de gratuité pour les jeunes, les plus défavorisés ou les personnes âgées?", déplore-t-elle.

"Nous avons testé la gratuité pour les jeunes le week-end, et cela n'a pas été un succès", répond M. Nofri, pour qui "la gratuité n'existe pas, puisqu'elle repose sur le contribuable".

"Cette stratégie est incompréhensible", analyse Thierry Bitouzé, professionnel de l'environnement et membre du Collectif Citoyen 06: "Les émissions de gaz à effet de serre, dont les transports sont les principaux responsables, n'ont baissé que de 0,9% depuis 2012 à Nice, selon les chiffres d'Atmosud, bien loin des objectifs annoncés".

Mais grâce à une flotte d'autobus qui, promet M. Nofri, sera "100% décarbonée en 2025, contre 60% actuellement, avec des bus électriques ou au bio-gaz", au prix d'un investissement de "110 millions d'euros", Nice sera "en ligne avec son objectif de 50% de réduction des émissions de CO2 en 2030 et de neutralité carbone en 2050".

Dans le même temps, la métropole niçoise vient de supprimer, fin juin, les aides à l'achat de vélos, scooters ou voitures électriques. "Nous avons impulsé la dynamique et l'Etat va augmenter ses aides", justifie la métropole.