Neuf mois après, l'incendie de Lubrizol n'a pas rebattu les cartes à Rouen

Le gigantesque incendie de Lubrizol avait lancé la campagne des municipales dès l'automne et Rouen semblait à portée de main des écologistes. Neuf mois plus tard, le PS est en passe de conserver la mairie le 28 juin tandis que LREM n'a plus de candidat.

"Beaucoup de gens pensaient que notre liste serait derrière. Au final on est plutôt loin devant. Après, il faut avoir beaucoup d'humilité parce que l'abstention a été importante", à 62%, confie à l'AFP le conseiller municipal PS Nicolas Mayer-Rossignol, 43 ans, arrivé en tête du premier tour (29,5%) devant l'écologiste Jean-Michel Bérégovoy (23,15%), adjoint au maire sortant, que des sondages donnaient en tête.

Les deux listes ont fusionné et Nicolas Mayer-Rossignol mène désormais une liste de 55 noms dont 24 écologistes.

Lubrizol "est encore dans les têtes", même si "aujourd'hui bien sûr on parle plus de sécurité sanitaire", estime-t-il.

Il voit dans les scores "très élevés" du premier tour "une attente très forte en matière environnementale et plus spécifiquement en matière de sécurité industrielle".

Le maire sortant et président de l'agglomération Yvon Robert, qui ne se représentait pas, a beau avoir été qualifié d'"excellent avocat de Lubrizol" par la rapporteure LR de la commission d'enquête du Sénat, Christine Bonfanti-Dossat, son parti, le PS, ne semble pas en souffrir dans cet ancien fief de Laurent Fabius. La Métropole s'était d'ailleurs prononcée contre le redémarrage partiel de l'usine en décembre.

Lubrizol, "c'est loin déjà", même si la catastrophe a lancé la campagne dès l'automne, "on voit bien qu'on est vraiment sur autre chose au-delà de l'urgence climatique, il y a l'urgence économique, sociale et même éducative", estime de son côté l'autre candidat au second tour, le leader de l'opposition municipale, ex-LR et vice-président du département, Jean-François Bures, 53 ans, qualifié de justesse avec 10,16% des voix.

- "Excuses" de LREM -

De fait, l'incendie de l'usine classée Seveso, qui avait dégagé un nuage de fumée noire de 22 km de long, est loin d'être au coeur de ce second tour dans cette ville industrielle, l'une des plus polluées de France.

A Rouen, ce second tour est avant tout marqué par l'absence de LREM après le retrait de l'entrepreneur Jean-Louis Louvel, candidat novice en politique mais soutenu par LREM, LR, le Modem et les Centristes, et arrivé troisième le 15 mars (16,78%).

Le parti du Président de la République se retrouve orphelin dans cette ville de 115.000 habitants (500.000 pour l'agglomération), après l'échec d'une fusion entre l'ex-liste Louvel et celle de Jean-François Bures.

Les 12 adhérents LREM présents sur la liste Louvel, dont le député Damien Adam, ont présenté leurs "excuses" aux Rouennais dans une lettre ouverte. Le parti n'a pas encore décidé si il donnait des consignes de vote, selon le référent départemental du mouvement Maxime Boissière.

Interrogé par l'AFP, Nicolas Mayer-Rossignol leur a fait un appel du pied. "Un certain nombre de Rouennaises et de Rouennais, à travers la candidature de M. Louvel cherchaient une nouvelle énergie, et moi c'est ce que je porte. C'est la première fois que je candidate (à la mairie ndlr) et j'ai une expérience du privé aussi", fait valoir le candidat socialiste.

La droite se trouve ainsi représentée par une liste "sans étiquette" issue de la fusion des listes de Jean-François Bures et d'une centriste Marine Caron (6,14%). Le premier n'a pas renouvelé son adhésion à LR qui ne l'a pas soutenu au premier tour. La seconde s'était vue, elle, refuser l'investiture LREM.

En 2014, Jean-François Bures, alors UMP, avait atteint un score honorable avec 41,48% des voix contre 46,80% pour Yvon Robert et 11,71% pour le RN.

Les deux têtes de liste du second tour sont des dirigeants de PME.