La ministre de l'Agriculture a débloqué une enveloppe pour les propriétaires forestiers afin de financer l'éradication du nématode du pin, annonce saluée mardi par les sylviculteurs, alors que ce ver ravageur a été détecté cet automne pour la première fois en France.
Ce ver microscopique est classé "organisme de quarantaine prioritaire" par la législation européenne, indique l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Il est considéré par les autorités comme "une menace sanitaire majeure" pour les forêts de résineux, selon la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt de Nouvelle-Aquitaine (Draaf).
Après avoir essaimé au Portugal puis en Espagne dans les années 2000, il a été détecté le 4 novembre à Seignosse, dans les Landes, entraînant la mise en place d'une zone tampon sur 36.000 hectares de forêt.
L'enveloppe financière permettra notamment la prise en charge de "la destruction des arbres symptomatiques", la "sécurisation de l'abattage", les "transport et traitement dans des établissements désignés des bois issus des arbres asymptomatiques" ou le "broyage des rémanents de coupe", a détaillé le ministère de l'Agriculture dans un communiqué, sans préciser le montant de cette enveloppe.
"Dans tous les cas, l'Etat répondra présent", a assuré une source au sein du ministère.
- "Crise sanitaire" -
Selon Nicolas Lafon, président du syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest (6.000 adhérents), "l'enveloppe totale consacrée au surcoût pour les sylviculteurs est de l'ordre de 250.000 euros" pour la zone infectée sur un rayon de 500 mètres.
"C'est une prise en compte des sylviculteurs qui sont victimes d'une crise sanitaire", a réagi ce responsable auprès de l'AFP, soulignant que l'Etat avait retenu les "modalités" d'indemnisation proposées par les sylviculteurs.
Début décembre, ces derniers avaient réclamé au gouvernement des "procédures d'urgence" et des financements pour lancer le plan "d'éradication" du nématode du pin, via un abattage massif d'arbres, car une propagation serait "dévastatrice" pour la filière.
La profession a évalué à "plusieurs dizaines de millions d'euros" les pertes liées à cette crise.
Dans la zone tampon d'une vingtaine de kilomètres autour du foyer infecté, l'exploitation forestière doit être gelée pendant quatre ans, tandis qu'une soixantaine d'hectares de pins autour de chaque arbre infesté doivent être détruits et broyés, selon un arrêté préfectoral.
Les arbres infestés viennent d'être abattus, a indiqué la préfecture des Landes. Les autres le seront d'ici au 15 février.
Le massif des Landes de Gascogne, qui couvre plus d'un million d'hectares dans les départements des Landes, de la Gironde et du Lot-et-Garonne, est composé à 75% de pins maritimes.
De son côté, le ministère de la Transition écologique s'est engagé mardi à faire en sorte que le dispositif d'aide au renouvellement forestier "France Nation Verte" puisse évoluer afin de prendre en charge "les coûts de reconstitution des peuplements à hauteur de 90%".