NDDL: sur la ZAD, seulement une poignée d'activités agricoles officielles

Ils sont zadistes et éleveur, producteur de plantes, maraîcher, boulanger ou brasseur. Installés sur les terres prévues pour l'ex-projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, ils sont une poignée à avoir déclaré leurs activités. Mais ils refusent d'être dissociés des autres occupants illégaux que l'État veut expulser.

"Toutes les personnes qui ont des projets d'installation, des activités officielles resteront solidaires des autres", affirment Virginie et Xavier, producteurs de plantes médicinales et aromatiques sur la ZAD, rappelant la position du mouvement anti-aéroport: "aucune expulsion".

En annonçant il y a deux mois l'abandon du projet de nouvel aéroport nantais, le gouvernement a donné jusqu'au 31 mars aux zadistes pour se mettre en conformité, fixant comme critères le paiement du gaz, de l'électricité, un fermage ou une propriété, ou encore de cotiser à la MSA, la sécurité sociale agricole, sous peine de les faire partir par la force.

Arrivés à Notre-Dame-des-Landes en 2016, Virginie et Xavier y ont déménagé l'an dernier leur cinquantaine de variétés de plantes, sur des parcelles prises en charge par les anti-aéroport et hors schéma de redistribution traditionnelle, mais qu'ils ont néanmoins déclarées. Ce statut d'agriculteur leur permet avant tout de vendre leurs produits sur un marché nantais.

"Sur zone, c'est plutôt un handicap qu'autre chose. En interne, on est aussi un facteur de divisions, une faiblesse sur laquelle le gouvernement peut s'appuyer", juge Virginie.

- "Pas les bons et les méchants" -

Brasseur aux Fosses noires, un corps de ferme également investi par deux boulangeries, l'une "officielle", l'autre non, Lucas est déclaré comme paysan céréalier depuis l'été 2017, a un contrat d'électricité et vient d'entamer des démarches auprès de la mairie pour avoir une carte d'électeur.

"Zadiste avant d'être paysan", le jeune homme, bien qu'entrant "dans les cases" de l'Etat, ne restera pas "si les copains doivent partir". "Nous sommes soudés, avec des statuts qui sont différents. Il n'y a pas les bons et les méchants zadistes, on ne jouera pas le jeu de la division. L'abandon de l'aéroport, c'est une victoire pour tout le monde", lance le brasseur de bière.

Comme lui et son voisin boulanger, ils sont cinq au total à avoir déclaré leur activité agricole avant l'abandon du projet. Et deux envisagent de se déclarer: un paysan "galettier"/éleveur de moutons et un autre comme berger.

Sarah, qui élève sans statut des brebis depuis près de trois ans sur la ZAD, et qui travaille sur un projet de "troupeau-école", refuse pour le moment de légaliser sa situation. "On n'est pas formellement contre, la situation est en train d'évoluer et on veut pérenniser nos activités et nos modes de vie ici. Mais trouver une forme de légalisation pour nos vies, ça ne veut pas dire recalquer des normes qui balayeraient tout ce qu'on a inventé ici".

"On a créé ici un tissu social, un tissu de vie rurale extrêmement dense et qui répond à des enjeux de société plus vastes que juste faire de l'installation agricole. On a l'ambition de pouvoir avoir une reconnaissance du tout et pas un tri entre les uns et les autres sur des grilles qui ne sont pas selon nous très fines", estime l'éleveuse de brebis.

"On ne demande qu'à sécuriser les activités agricoles en place aussi d'un point de vue du foncier. On a des solutions pour régler la mise en conformité de l'ensemble des activités sur la zone, mais il nous faut du temps et sans la pression des expulsions", réclame Vincent Delabouglise, du collectif d'organisation agricoles Copain 44, déplorant par ailleurs "l'absence d'écoute" du gouvernement sur le projet de gestion des terres par les anti-aéroport.

Exclus du comité de pilotage sur l'avenir agricole de la ZAD, présidé lundi par la préfète de région à Nantes, les zadistes et certains composantes de la lutte anti-NDDL iront manifester lundi devant la préfecture.

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