NDDL: les occupants font un premier pas vers une éventuelle régularisation

Pour la première fois depuis le début de l'opération d'expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) les occupants ont effectué un premier pas vers une éventuelle régularisation, en déposant vendredi 40 dossiers en préfecture, à Nantes, dont 28 purement agricoles.

"Nous voulons stopper l'escalade de la tension sur la zone et obtenir enfin le temps nécessaire au dialogue et à la construction du projet que nous défendons", a déclaré l'un des huit représentants de la délégation d'opposants à l'ex-projet d'aéroport, à l'issue d'une réunion technique de plus de deux heures à la préfecture, uniquement consacrée aux futurs projets agricoles.

Parmi les 40 projets nominatifs, certains sont individuels et certains collectifs, a précisé la délégation, qui a pris "collectivement", jeudi soir, la décision de ce "geste très concret".

"Face à l'injonction, on n'a pas eu le choix" de déposer ces dossiers "pour sauver un minimum ce qui se passe" sur la ZAD, a confié Cyril Bouligand, membre de Copain 44, collectif d'organisations agricoles.

Le gouvernement avait en effet donné aux zadistes jusqu'à lundi soir pour se régulariser, sous peine de nouvelles expulsions, après la destruction la semaine dernière de 29 squats sur les quelque 97 recensés, lors d'une opération qui a donné lieu à de nombreux heurts entre opposants et forces de l'ordre, et fait de nombreux blessés de part et d'autre.

La préfecture leur demandait de remplir des formulaires individuels devant comporter leur nom et les grandes lignes de leur projet agricole ou para-agricole, un préalable à l'éventuelle signature par l'État de baux précaires.

"Ils ont fait un gros travail, il faut le reconnaître et ils ont amené une vingtaine de projets nominatifs, donc le nom, une adresse, un projet qu'on va bien sûr examiner de près d'ici lundi soir", a salué la préfète des Pays de la Loire, Nicole Klein, lors d'une déclaration à la presse.

"Ils ont répondu à cette injonction, que Nicolas Hulot avait réaffirmée fortement mercredi. Ils ont entendu. Je me suis dit qu'ils auraient pu le faire bien avant", a-t-elle ajouté.

Outre le ministre de la Transition écologique, plusieurs associations ou collectifs qui étaient opposés au projet d'aéroport avaient pressé les occupants à "saisir la main tendue" par le gouvernement.

- "Extrême vigilance" -

Les occupants ont déposé "28 projets agricoles", ainsi que des projets artisanaux et de distribution, soit une quarantaine au total, a confirmé la représentante de l'État.

"Il faut regarder de près, expertiser ces projets. Il y en a sept qui nous paraissent sans problème, 18 qui nous paraissent pas loin de l'aboutissement, quelques autres qui nous paraissent poser problème", a estimé Mme Klein.

Les formulaires individuels ne créent "aucun droit", a rappelé la préfète. "On va voir assez rapidement si ça tient la route".

Les dossiers déposés représentent la "quasi-totalité" des lieux et activités de la zone, selon la délégation et la préfète. Les zadistes n'ayant pas encore répondu à la demande de l'État ont jusqu'à "lundi soir à minuit" pour le faire.

Éludant la question d'éventuelles nouvelles expulsions, la préfète a répondu: "Ce n'est pas moi qui décide évidemment, c'est une décision du gouvernement".

"La pression policière et les ultimatums gouvernementaux doivent cesser", ont exhorté de leur côté les occupants. "Si malgré nos gestes d'apaisement et de dialogue, les expulsions devaient reprendre, nous serons prêts à réagir tous ensemble", ont-ils averti, en appelant leurs soutiens à une "extrême vigilance".

Le Premier ministre Edouard Philippe avait réitéré jeudi l'intention du gouvernement de "mettre un terme à l'occupation illégale" des parcelles de la zone de Notre-Dame-des-Landes, "avec une immense détermination tranquille".

Les gendarmes mobiles resteront sur le site pour poursuivre les opérations de déblaiement et "assurer la circulation sur la route", a indiqué Nicole Klein.

Seuls 270 hectares de terres doivent être attribués par l'État, sur les 1.650 ha au total du site (dont environ 1.250 ha de terres agricoles).

La préfète doit signer mardi des conventions d'occupation précaires avec les quatre agriculteurs historiques qui avaient refusé de céder leurs biens au concessionnaire du projet d'aéroport, et qui exploitent environ 310 hectares.

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