NDDL: enterrement festif du projet d'aéroport samedi sur la ZAD

Des milliers d'opposants à l'ex-projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, au nord de Nantes, sont attendus samedi sur la ZAD pour célébrer la "victoire historique" obtenue après 50 ans de contestation et ouvrir une "nouvelle phase de la lutte", qui vise à arracher la gestion collective des terres "sauvées du bétonnage".

Cette nouvelle mobilisation massive du mouvement très hétérogène anti-aéroport, préparée de longue date, se tient au lendemain de l'expiration du décret qui déclarait d'utilité publique (DUP) la réalisation d'un nouvel aéroport nantais. Cette expiration marque la fin officielle de ce projet né dans les années 1960, dont l'abandon a été annoncé par l'exécutif le 17 janvier.

Cette "grande fête" sur la ZAD "risque fort d'être un succès", au niveau des grandes mobilisations contre le projet, pronostique Geneviève Coiffard, membre de la Coordination des opposants, qui regroupe une soixantaine d'organisations.

Sous le mot d'ordre "Enracinons l'avenir", des anti-NDDL de toute la France et des militants de "luttes soeurs" (contre le projet Cigéo d'enfouissement de déchets nucléaires à Bure ou contre la ligne à grande vitesse Lyon-Turin par exemple) doivent converger dans la matinée sur le bocage nantais, pour célébrer des décennies d'une opposition victorieuse.

Plusieurs dizaines d'autocars et leurs passagers seront accueillis dans le bourg de Notre-Dame-des-Landes, avant de rallier l'un des deux points de départ de déambulations "carnavalesques". Les deux cortèges doivent partir à la mi-journée, accompagnés de fanfares et de chorales, et converger jusqu'à la ferme de Bellevue, occupée depuis janvier 2013 par le collectif de paysans anti-aéroport "Copain 44".

Une grande effigie de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et des maquettes représentant d'autres projets d'infrastructures contestés ailleurs en France doivent y être brûlés.

- 'Réaffirmer le refus des expulsions' -

Les manifestants sont par ailleurs appelés à venir avec arbres et plantations, qui seront déposés dans des bétaillères en attendant d'être plantés dans le bocage quand les conditions climatiques le permettront.

Cette action symbolique vise à poser collectivement "les jalons de l'avenir de la ZAD", selon le mouvement anti-aéroport, qui porte un projet collectif de gestion de l'usage de la zone de 1.650 hectares. Outre la prise en charge de la redistribution des terres, le mouvement défend la possibilité que les opposants ayant pris part depuis 2007 à l'occupation du site puissent y rester, et que soient maintenus des projets alternatifs, agricoles ou non.

Une mobilisation massive samedi serait ainsi un signal fort envoyé à l'État, alors que la préfète de la région Pays de la Loire, Nicole Klein, s'apprête à ouvrir les négociations sur le devenir des terres agricoles de la ZAD.

"Enraciner l'avenir, ça a un sens fort en ce moment. (...) L'avenir du territoire est aussi important que l'abandon du projet d'aéroport. C'est ce qu'on doit démontrer le 10 février", souligne Vincent Delabouglise, membre du collectif Copain 44.

Pour "Camille", un occupant de la ZAD, il s'agit aussi à travers cette mobilisation de "réaffirmer le refus des expulsions" après le 31 mars, date butoir fixée par l'État pour que les occupants illégaux rentrent "dans la légalité". "Même si l'aéroport est abandonné, beaucoup de gens sont prêts à se mobiliser en cas d'expulsions mais aussi pour porter le projet agricole collectif", assure-t-il.

Mais la tonalité samedi sera "joyeuse. On célèbre la victoire d'un mouvement large et divers", glisse-t-il.

Cette hétérogénéité a été régulièrement source de tensions entre les différentes composantes, et encore récemment quand une poignée de zadistes a bloqué le chantier de débroussaillage de l'ex-"route des chicanes". Ce qui a nécessité la présence depuis lundi de nombreux gendarmes pour permettre aux agents du Département de travailler. L'opposition d'une minorité ne devrait cependant pas ternir la "fête".

Le même jour, à une vingtaine de kilomètres plus au sud, les associations qui étaient favorables au transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, invitent les habitants de Bouguenais, où est située la plateforme nantaise, à venir "crier leur colère" contre la "haute trahison de l'État", et déposer leur carte d'électeur dans un cercueil qui doit prendre ensuite le chemin de l'Élysée.

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