NDDL: des heurts plus violents au deuxième jour des expulsions

Des heurts violents ont éclaté mardi matin entre les forces de l'ordre et les occupants illégaux de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, au deuxième jour d'une opération massive destinée à les déloger, près de trois mois après l'abandon du projet d'aéroport.

Six opposants ont été blessés par des projectiles, selon l'équipe médicale des zadistes, dont cinq aux jambes et un à la tête.

Côté forces de l'ordre, quatre gendarmes ont également été blessés par des projectiles, selon le ministère de l'Intérieur.

Les heurts ont commencé vers 07H30, un peu plus d'une heure après la reprise des opérations. Les gendarmes ont lancé plusieurs grenades assourdissantes et tiré des gaz lacrymogènes. "Cassez-vous, cassez-vous!", hurlaient à leur adresse les opposants qui ont riposté par des jets de projectiles, des cocktails molotov et des tirs de fusées.

Un hélicoptère de la gendarmerie qui survolait la zone a été visé par des tirs de fusée qui ne l'ont pas atteint. A ce sujet, le parquet de Nantes a ouvert une enquête de flagrance du chef de "violences aggravées".

En revanche, les sept personnes placées en garde à vue lundi ont toutes été libérées.

L'intervention pourrait "durer jusqu'à la fin de la semaine", a indiqué le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb en évoquant une journée de mardi "forcément cruciale".

"L'opération de déconstruction se poursuit. A midi, dix squats ont été totalement déconstruits et cinq sont en cours de déconstruction", selon un porte-parole de Beauveau.

"Il est certain que c'est un sujet qui ne va pas être réglé en un ou deux jours", a confirmé le patron de la gendarmerie, le général Richard Lizurey.

"Nous procédons avec ordre et méthode, squats après squats, de manière à ce que le niveau de violence et le niveau des dégâts collatéraux soient les moins élevés possibles", a déclaré sur RTL le général.

Le ministre de l'Intérieur a rappelé avoir donné pour consigne aux forces de l'ordre "la plus grande retenue". "Nous ne voulons pas d'un Rémi Fraisse (un jeune tué par une grenade offensive lors d'affrontements à Sivens en 2014, ndlr), nous ne voulons pas qu'il y ait des jeunes qui puissent être blessés, nous ne voulons pas que des forces de l'ordre puissent être atteintes", a-t-il affirmé.

-"Tout détruire"-

Selon le général Lizurey, "la situation est sous contrôle malgré quelques tensions et quelques oppositions".

Combien de zadistes à expulser? "Le chiffre est extrêmement variable. Un certain nombre d'opposants vont et viennent (...) nous avions environ 200 opposants hier dans la journée. Nous avons terminé la journée avec une centaine", estime le patron de la gendarmerie.

"Plus ça va aller, plus ça va être compliqué", avait jugé la préfète des Pays-de-la-Loire Nicole Klein à la fin de la première journée de l'intervention qui mobilise 2.500 gendarmes.

Cette opération répond à l'engagement pris par Edouard Philippe d'éradiquer cette "zone de non droit" le 17 janvier, lorsqu'il a mis fin au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Les zadistes ont appelé dès lundi "tous ceux qui le peuvent à se rendre sur place dès l'aube" mardi pour "faire obstacle" aux forces de l'ordre. Il y a eu "des renforts très jeunes, venus se battre", a remarqué la préfète.

En début d'après-midi mardi, une quinzaine de tracteurs "vigilants" sont arrivés sur la zone pour encercler les Fosses noires, lieu emblématique de la ZAD où plusieurs projets agricoles se sont installés, dont des activités de boulanger et de brasseur déclarées à la MSA comme paysans céréaliers.

"Ils (les gendarmes) continuent à vouloir tout détruire. Les tracteurs vigilants sont là pour protéger tous les lieux de vie", a déclaré à l'AFP Cyril Bouligand, membre de Copain 44, collectif d'organisations agricoles.

L'opération de grande ampleur lancée lundi matin prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels.

Les forces de l'ordre seront déployées "le temps de s'assurer que la phase de stabilisation soit bien entamée", que "la déconstruction ait lieu et que le déblaiement de cette zone soit mis en oeuvre", a insisté le général Lizurey.

alh-asl-aga-ao/swi

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