ND-des-Landes: les réponses aux exigences gouvernementales en débat

Deux jours après l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, les opposants "zadistes" peinent à trouver une réponse commune aux exigences du gouvernement, en premier lieu sur celle de la libération d'une route départementale d'accès à la ZAD, entravée de chicanes.

Tandis que les critiques fusent sur un "recul" de l'Etat parmi les partisans du projet, le mouvement anti-aéroport, très hétérogène, a tenu jeudi soir une réunion à huis clos, avec pour unique ordre du jour cette route traversant la ZAD, que le gouvernement veut voir rouverte à la circulation d'ici la fin de semaine prochaine.

Selon plusieurs organisations de la coordination des opposants, la réouverture de la route semble faire consensus, mais l'ampleur et les modalités du nettoyage des nombreux obstacles jonchant la D281, aussi appelée "route des chicanes", sont encore en débat.

L'assemblée, qui a duré "quatre heures et demie" selon un participant, a été animée et "compliquée", tous ne partageant pas la même stratégie à adopter.

"Dans sa grande sagesse, le gouvernement nous a donné une semaine (pour rouvrir la route) et c'est très bien", souligne Françoise Verchère, coprésidente d'un collectif d'élus opposés au projet de nouvel aéroport, le Cédpa.

"L'état d'esprit global et majoritaire, c'est qu'on va faire le plus possible et le plus vite possible. Mais il y en a quelques-uns pour qui la route va toujours trop vite et qui rêvent de laisser quelques chicanes +maison+", ajoute-t-elle.

- 'Pas un groupe uniforme' -

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a donné jusqu'à "la fin de la semaine prochaine" aux opposants pour libérer les routes d'accès à la zone, ajoutant qu'il préférait le faire "par la discussion et la négociation" plutôt que la force.

Ils devront "dégager la route" et "s'ils ne le font pas d'eux-mêmes, les gendarmes iront la dégager", a insisté la préfète des Pays de la Loire, Nicole Klein.

"Quelques-uns n'ont pas encore compris que le projet d'aéroport était abandonné. Et s'ils ne comprennent pas ça, je crois qu'ils devront partir", fait valoir Jean-Paul Naud, maire (sans étiquette) de Notre-Dame-des-Landes.

"On fera le maximum pour dégager la route, mais si elle ne l'est pas en fin de semaine, on n'appellera pas nos adhérents et sympathisants à venir la défendre contre une intervention des forces de l'ordre", prévient Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, association "institutionnelle" d'opposants.

"Il y a une situation qui est nouvelle. La route a été fermée par les collectivités en 2013. (...) C'était en lien avec une résistance face à des menaces (...) A partir du moment où la menace est levée (...) ça donne de nouvelles bases à la discussion, mais il faut nous laisser du temps", souligne un occupant de la ZAD.

Il réaffirme que la libération de la route sera "prise en charge" par le mouvement. Un nettoyage que plusieurs collectifs souhaitent réaliser à l'abri des caméras.

Chargée de travailler à la médiation "pour que l'ancienne ZAD puisse vivre tranquillement", la préfète de région semble confiante dans un dénouement à l'amiable.

"Les zadistes, ce n'est pas un groupe uniforme. Je discuterai avec ceux qui veulent discuter et je pense qu'ils sont assez nombreux", déclarait-elle jeudi.

- 'Mauvais choix', 'recul'-

L'abandon du projet d'aéroport est "un mauvais choix", a jugé vendredi l'ancien Premier ministre Manuel Valls, aujourd'hui député apparenté LREM. Il a émis sur RTL la crainte que cette décision ne puisse "légitimer des minorités violentes, radicales".

L'ancien Premier ministre socialiste et maire de Nantes Jean-Marc Ayrault a lui fustigé "une décision opportuniste" et "une forme de mise en scène de communication". "Il n'y a pas de plan B" et "les zadistes ont gagné", a-t-il déclaré à l'AFP.

De passage à Rennes, le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), a de son côté qualifié la renonciation de "camouflet pour la démocratie", de "forme de recul de l'autorité de l'Etat", en se demandant si "la démocratie territoriale a un sens" alors qu'en 2016 55% de votants de Loire-Atlantique avaient approuvé ce projet.

De son côté, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a assuré que la facture liée à l'indemnisation de Vinci, qui devait construire et exploiter l'aéroport, serait "la plus réduite possible", qualifiant de "constructives" les discussions engagées avec le groupe de BTP.

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