Avoir ou non un enfant relève du choix de chacun mais la société doit se montrer solidaire vis-à-vis de ceux qui peinent à concrétiser leur projet de famille, estime jeudi le Comité national d'éthique, à l'heure où les naissances sont en berne en France.
"L'autonomie dans la décision de fonder une famille doit être respectée, et ne pas être affectée par des pressions sociales ou politiques", souligne dans une synthèse le Comité, qui a examiné les causes de la baisse des naissances ainsi que leurs implications sociales et éthique.
En parallèle, "il est impératif que la société accompagne ceux qui rencontrent des difficultés à concrétiser" leur projet d'enfant, en raison de problèmes d'infertilité ou de conditions socio-économiques défavorables, ajoute-t-il.
En France, les naissances sont au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 2024, 663.000 bébés ont vu le jour, soit 2,2% de moins que l'année précédente, selon l'Insee.
Divers éléments l'expliquent, selon le Comité d'éthique: des facteurs socio-économiques, comme des difficultés à obtenir un emploi stable ou la "transformation du rôle des femmes dans la société". A cela s'ajoute une progression de l'infertilité, qui touche plus de trois millions de Français et peut être liée à "l'environnement, aux conditions de vie et aux habitudes alimentaires".
Le comité recommande de renforcer les politiques publiques, notamment les dispositifs visant à faciliter la parentalité, en particulier les modes de garde, ainsi que les dispositifs d'accompagnement et d'information sur la fertilité.
Plus précisément, il invite à informer la population sur les facteurs influençant la fertilité (alimentation, perturbateurs endocriniens, pollution, etc.) ou mettre un logo spécifique sur les articles de consommation contenant des substances dangereuses pour la fertilité.
Il recommande également de faciliter l'accès à l'assistance médicale à la procréation, tout en informant clairement les patients sur ses réalités: taux de réussite, complexité des parcours et éventuels impacts sur la santé.
"Sur ce problème de l'infertilité, il faut qu'on arrive à une médecine qui soit plus individualisée", précise à l'AFP Jean-François Delfraissy, président du Comité national d'éthique.
Cet avis fait suite à une saisine en juin 2024 du ministère de la Santé pour éclairer les travaux préparatoires du "grand plan de lutte contre l'infertilité" annoncé par Emmanuel Macron. Le souhait parallèle du président d'un "réarmement démographique" avait alimenté toutefois des accusations d'idéologie nataliste.
Le gouvernement insiste désormais sur une approche globale en vue d'un "plan démographique 2050" couvrant les thématiques de natalité, fertilité mais aussi vieillissement, au risque, selon certains experts, de mélanger les genres.