L'hôpital militaire de campagne qui doit désengorger l'hôpital de Mulhouse saturé va être testé lundi matin avant l'accueil des premiers patients, a-t-on appris dimanche auprès d'une porte-parole de l'armée, tandis que la solidarité transfrontalière s'accentuait pour accueillir des malades alsaciens.
"La structure devrait être opérationnelle pour demain matin (lundi) et il y aura ensuite une phase de test pour vérifier que tout fonctionne, valider les processus, vérifier que la sécurité est optimale pour accueillir les patients", a expliqué cette porte-parole.
L'appui de cet "élément militaire de réanimation" (EMR) d'une capacité de 30 lits pour prendre en charge les patients les plus gravement atteints est attendu avec impatience par le personnel épuisé de l'hôpital Emile-Muller de Mulhouse.
Si les tests sont concluants, le feu vert sera donné par le chef médical du site, le général Jacques Escarment, permettant "l'accueil des premiers patients, peut-être lundi après-midi, mardi matin ou en milieu de semaine", a ajouté la porte-parole.
Après le montage d'une vingtaine de tentes samedi sur un parking de l'hôpital, la journée de dimanche a été consacrée à leur aménagement intérieur et à l'installation du matériel médical.
L'équipe soignante des armées qui doit faire fonctionner l'EMR comporte une centaine de personnes, médecins anesthésistes-réanimateurs, infirmiers anesthésistes-réanimateurs mais aussi infirmiers et aides-soignants.
"Jusqu'à aujourd'hui, je n'imaginais pas pouvoir être engagé sur ce type d'opération sur le territoire national", a confié à l'AFP l'un des militaires chargé de son installation.
Cet équipement a en effet été créé à partir d'éléments normalement utilisés pour déployer des antennes médico-chirurgicales lors des opérations extérieures de l'armée française.
Avec 1.977 personnes hospitalisées dimanche à 15H00, dont 480 en réanimation et 271 décès, le Grand Est constitue l'un des points noirs de l'épidémie en France.
Samedi, l'Agence Régionale de Santé (ARS) du Grand Est et la préfecture avaient averti que "les flux de patients en réanimation (augmentaient) très fortement: 38% d'augmentation en 24 heures".
Face à l'ampleur de la crise, les capacités d'accueil en réanimation ont été doublées dans la région, pour atteindre 900 lits. Sur les 480 personnes placées en réanimation, une centaine sont prises en charge dans des structures privées.
Préfecture et ARS ont annoncé dimanche que 100 professionnels seraient mobilisés dès lundi "pour soutenir psychologiquement les soignants du Grand Est".
En attendant l'ouverture de l'hôpital de campagne, des patients haut-rhinois ont été évacués ces derniers jours vers d'autres hôpitaux du Grand Est moins surchargés, ainsi que vers Marseille, Toulon et Bordeaux grâce à deux évacuations sanitaires aériennes effectuées par l'armée.
De l'autre côté des frontières toutes proches, l'Allemagne, la Suisse et le Luxembourg ont également accepté d'accueillir des malades français en réanimation.
Après le Land allemand du Bade-Würtemberg et trois cantons suisses samedi, la Sarre et la Rhénanie-Palatinat ainsi que le Luxembourg ont offert leur aide dimanche.
Un premier patient, soigné en réanimation à Mulhouse, a été héliporté samedi vers Fribourg et une dizaine de transferts devaient être opérés vers l'Allemagne au cours du week-end, selon le conseil départemental du Haut-Rhin.