La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a estimé dimanche que le moratoire sur les énergies éolienne et photovoltaïque voté cette semaine à l'Assemblée nationale n'avait "aucun sens" et a appelé à la "responsabilité" des parlementaires pour la suite de l'examen du texte sur le futur énergétique de la France.
Les députés ont achevé jeudi l'examen d'une proposition de loi sur la programmation énergétique de la France, qui comporte désormais un moratoire immédiat sur toute nouvelle installation éolienne et photovoltaïque, une mesure à l'initiative de la droite avec le soutien de l'extrême droite votée dans un hémicycle clairsemé.
"Ce qui est profondément grave (...) c'est (...) que ce vote nous met dans la main de pays qui sont nos ennemis", a réagi Mme Pannier-Runacher dans l'émission Dimanche en politique sur France 3.
"Nous ne produisons pas de gaz naturel et de pétrole en France, donc nous sommes totalement à la main du Moyen-Orient, de la Russie et des Etats-Unis", a-t-elle ajouté en soulignant que ce moratoire traduit "une méconnaissance profonde de ce qu'est un mix énergétique équilibré".
Alors que la feuille de route énergétique de la France prévoit de faire passer la consommation d'énergies fossiles de 60% à 42% en 2030 pour réduire le réchauffement climatique, "il nous faut et du nucléaire et du renouvelable".
Selon la ministre, cet amendement "remet en cause 150.000 emplois en France", dans les énergies renouvelables.
"Ce qui est en jeu, c'est notre indépendance énergétique, c'est notre indépendance industrielle, c'est le pouvoir d'achat des Français", a-t-elle poursuivi en assurant que "les éoliennes marines coûtent moins cher" ou autant que le parc nucléaire existant.
"Qu'on dise zéro éoliennes, zéro photovoltaïque, ça n'a pas de sens", a-t-elle affirmé, tout en reconnaissant qu'il était possible de "temporiser" dans les régions très bien équipées.
L'avenir du texte, qui acte par ailleurs une relance massive du nucléaire, est désormais incertain. Les députés doivent voter mardi en première lecture sur l'ensemble de cette proposition de loi portée par le sénateur LR Daniel Gremillet, avant une 2e lecture début juillet au Sénat, dominé par la droite.
La ministre ne s'est pas prononcée sur un éventuel retrait du texte mais a appelé les parlementaires à la "responsabilité".
"A un moment il faut que les groupes politiques se comportent en grandes personnes", a-t-elle souligné en visant notamment les Républicains, dont elle espère une inflexion au Sénat.