Montagne d'Or: décision du gouvernement d'ici l'été (Rugy)

Le ministre de la Transition écologique François de Rugy a annoncé jeudi lors d'un débat à l'Assemblée nationale que l'avis du gouvernement sur le projet industriel controversé d'extraction d'or en Guyane "Montagne d'Or" serait rendu "à l'horizon de ce semestre".

"A l'horizon de ce semestre 2019, je serai amené à prendre position au nom du gouvernement" a déclaré le ministre, qui a annoncé qu'il se rendrait "prochainement en Guyane", lors de ce débat organisé à la demande des députés communistes.

Le ministre souhaite que ce sujet soit "l'occasion de porter un regard plus large sur l'activité minière en Guyane" afin d'adopter "un cadre clair et sécurisant" pour l'exploitation aurifère. "C'est bien la question du code minier qui est posée, que je souhaite réformer aujourd'hui", a-t-il ajouté.

Montagne d'Or, le plus important projet de mine d'or à ciel ouvert français, à l'étude en Guyane, prévoit l'exploitation d'une mine de 2,5 km de long, à partir de 2022, au sud de Saint-Laurent-du-Maroni, en forêt tropicale, via un procédé de récupération de l'or par cyanuration en circuit fermé.

Soutenu par le patronat local et une partie des élus, le projet est combattu par les associations de défense de l'environnement et les organisations amérindiennes de Guyane.

François de Rugy a rappelé "le risque de drainage minier acide et le risque de rupture de digues d'un bassin à résidus", affirmant qu'il ferait preuve d'une "vigilance absolue sur ces aspects".

Il a dit partager l'analyse d'Emmanuel Macron, qui a estimé que le projet Montagne d'Or n'était "à ce stade pas au meilleur niveau" en matière environnementale, devant des élus ultramarins reçus vendredi à l'Elysée.

M. De Rugy a précisé qu'un "rapport d'inspection", commandé par les ministères de la Transition écologique, de l'Économie et des Outre-mer, serait "bientôt rendu".

Montagne d'or est conduit par un consortium réunissant le russe Nordgold et le canadien Columbus Gold. Il permettrait la création de 750 emplois directs majoritairement locaux et 3.000 emplois indirects, selon ses promoteurs.

Les députés participant au débat se sont majoritairement exprimés contre ce projet, à l'instar de Gabrielle Serville, député de Guyane (GDR) à l'origine d'une proposition de résolution pour interdire l'usage de cyanure dans l'extraction d'or, qui a recueilli 83 signatures. Il a appelé à "renoncer" au projet qui va "déverser en pleine forêt amazonienne, chaque année, 3.300 tonnes de cyanure" alors que "le parlement européen a voté l'interdiction de son utilisation dans les mines".

L'autre député de Guyane, Lenaïck Adam (LREM) qui soutient le projet, a dit vouloir "défendre le droit pour chaque Guyanais de pouvoir exploiter les richesses minières de son pays" et appelle à "fournir du travail tout de suite" dans sa circonscription où plus de "70% de la population en âge de travailler est inactive".

L'association de défense de l'environnement WWF, qui avait présenté en novembre un rapport très critique sur le projet, a appelé jeudi dans un communiqué à "acter l'abandon de Montagne d'Or à l'issue du déplacement de François de Rugy en Guyane", rappelant que le projet "ne remplit aucune des conditions fixées par le président : exemplarité environnementale, acceptation démocratique et retombées économiques pour le territoire."