Mobilisation à travers la France contre les nuisances aériennes

Des militants écologistes et des associations de riverains se sont mobilisés mercredi dans plusieurs régions françaises contre les nuisances du trafic aérien, appelant à le plafonner au moment où celui-ci est en train de dépasser ses niveaux d'avant-crise du Covid.

Dénonçant "l'impact grandissant de l'aviation sur le climat, responsable de plus de 15% de l'impact climatique de la France" et s'alarmant d'une croissance du trafic qui affecte "directement et gravement la santé des populations survolées", la coalition "Rester sur terre" et l'Union française contre les nuisances des aéronefs (UFCNA) ont donné rendez-vous dans une vingtaine de lieux, notamment à proximité de plateformes aéroportuaires.

Il s'agit de "montrer que la croissance du trafic aérien est insoutenable, qu'elle n'est ni bonne pour la santé, ni pour le climat", a déclaré Charlène Fleury, coordinatrice de Rester sur terre.

Contre les nuisances du trafic aérien à Paris-Orly, deux associations ont organisé mercredi matin un rassemblement à Athis-Mons (Essonne) à quelques mètres de l'aéroport.

Une centaine de personnes, dont une vingtaine d'élus du Val-d'Oise et de Seine-Saint-Denis, ont manifesté à Cergy-Pontoise (Val-d'Oise) pour réclamer un plafonnement des vols à Roissy-Charles-de-Gaulle, au deuxième rang des aéroports les plus fréquentés d'Europe, a constaté une journaliste de l'AFP.

"J'ai presque 500 survols par jour et 170 la nuit", témoignage Catherine Leconte, enseignante à la retraire vivant à Sannois (Val-d'Oise).

A Lille, plusieurs dizaines de militants écologistes et riverains d'aéroports ont manifesté devant la préfecture pour réclamer un plafonnement du trafic aérien et un couvre-feu à l'aéroport de Lesquin, et protester contre le projet d'extension de l'aéroport lillois.

"Non à l'extension, non à la pollution", pouvait-on lire sur une banderole.

"On nous demande des efforts (pour l'environnement) dans de nombreux domaines, puis on prévoit de doubler le trafic aérien, y compris avec des gros porteurs pour le transport de marchandises", déplore la présidente de l'association de riverains, Marie Annick Morniroli.

En Gironde, plusieurs dizaines de manifestants ont organisé une minute de silence à côté de tombes factices posées devant le rond-point de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac en hommages "aux morts anonymes" du trafic aérien, référence à une étude publiée en 2020 et concluant que le trafic aérien favoriserait le risque d'hypertension artérielle dans la population masculine.

- Pétition -

Le mouvement a été galvanisé par la décision du gouvernement néerlandais de réduire le nombre de vols annuels de 500.000 à 440.000 à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, afin de lutter contre les nuisances sonores. Mais le projet, contesté, a été ensuite suspendu.

Après avoir été amputé de jusqu'à 70% pendant la pandémie, le trafic aérien est revenu en 2023 à plus de 90% de son niveau de 2019, et devrait le dépasser cette année, selon l'Union des aéroports français (UAF).

Le secteur aérien, qui s'est engagé à se décarboner avant 2050, "a pleinement conscience du fait que le bruit est un problème sérieux pour les riverains", a affirmé mercredi le président de l'UAF, Thomas Juin, en mettant néanmoins en garde contre des "conséquences redoutables" d'une réduction indiscriminée des vols sur l'emploi et l'activité.

Il a défendu les progrès de l'industrie pour produire des aéronefs actuels plus silencieux que leurs prédécesseurs et soutenu les procédures d'"approche équilibrée qui commencent à être mises en place sur un certain nombre de plateformes" par les préfectures, comme faire payer davantage de redevances aux avions les plus bruyants voire les interdire sur certaines plages horaires.

L'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa) a de son côté pointé du doigt mercredi des programmes de vols trop importants par rapport à "la capacité du ciel européen", ce qui se traduit par une accumulation des retards et in fine des violations de couvre-feux.

"Il importe de revenir à une programmation des vols réellement soutenable en Europe", a ajouté cette autorité indépendante.

Les associations fédérées par l'UFCNA et Rester sur Terre, dont une pétition a déjà rassemblé près de 18.000 signatures, se sont donné rendez-vous vendredi en fin de matinée devant le ministère des Transports à Paris où ils doivent être reçus.

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