Microcrédit: un "Institut Maria Nowak" créé pour promouvoir "l'entrepreneuriat populaire"

Près de deux ans après la mort de la pionnière du microcrédit Maria Nowak, un institut portant son nom a été créé pour "comprendre et promouvoir l'entrepreneuriat populaire et le microcrédit", a annoncé mercredi l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie), qu'elle a fondée.

"L'Institut a notamment pour ambition, dans la droite ligne de la vision et des valeurs de Maria Nowak, de faire progresser la connaissance scientifique et la compréhension de ce qu'est l'entrepreneuriat populaire", détaille l'Adie dans un communiqué de presse.

Décédée en décembre 2022 à 87 ans, Maria Nowak a fondé en 1989 l'Adie, qui tente d'aider les personnes exclues du marché du travail et du système bancaire classique à créer leur propre entreprise, grâce à l'octroi de microcrédits.

Fin 2022, l'Adie estimait que le microcrédit permettait chaque année à "plus de 25.000 personnes exclues du crédit bancaire de créer leur entreprise et ainsi, leur emploi".

Placé sous la responsabilité d'Alice Rosado, directrice générale adjointe de l'Adie, l'Institut Maria Nowak est un "organisme à vocation de recherche et d'étude, mais aussi de promotion de l'entrepreneuriat populaire auprès des pouvoirs publics comme des médias", est-il précisé dans le communiqué.

"Ses travaux viseront à identifier les conditions du développement de l'entrepreneuriat populaire ainsi qu'à mettre en évidence son impact économique et ses effets notamment en matière de cohésion sociale, de développement territorial, comme de lutte contre le changement climatique", est-il encore indiqué.

Une première étude, intitulée "L'entrepreneuriat est-il un vecteur d'égalité des chances?" a d'ailleurs été publiée mercredi.

Dans ces travaux, l'institut se félicite d'une "réelle démocratisation de l'entrepreneuriat en France" entre 2010 et 2022, en se basant sur les statistiques de l'Insee et de l'Urssaf qui montrent une croissance rapide du nombre d'entreprises créées chaque année et une diversification du profil des créateurs d'entreprise.

"De plus en plus de femmes se lancent dans l'entrepreneuriat", relève l'étude.

"Les jeunes sont également de plus en plus présents et on observe aussi une augmentation du nombre de personnes moins diplômées, voire sans diplôme, ainsi qu'un nombre croissant d'entrepreneurs issus de milieux plus modestes, des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) et des Zones de Revitalisation Rurale (ZRR)", est-il précisé.

Une démocratisation que l'institut attribue notamment à la création du régime de micro-entrepreneur en 2009, synonyme de simplification des démarches administratives et fiscales de création et de gestion des entreprises.

"L'évolution des mentalités a par ailleurs joué un rôle déterminant (...) Aujourd'hui, une majorité de personnes vivant en France quels que soient leur profil socioprofessionnel ou leur lieu d'habitation, perçoivent l'entrepreneuriat comme un choix de carrière attractif", selon l'institut.

La démocratisation de l'entrepreneuriat reste cependant "inachevée", nuance l'institut, "et des obstacles persistent notamment pour les jeunes, les personnes en situation de handicap, les habitants des territoires fragiles et les femmes."

Les QPV comptent encore "cinq fois moins de chefs d'entreprises et de porteurs de projets qu'au niveau national", illustre-t-il en s'appuyant sur les données de Bpifrance.