Ménopause: des propositions pour une prise en charge enfin adaptée en France

Comment mieux prendre en charge la ménopause, qui concerne actuellement 17 millions de Françaises âgées de 45 ans et plus? Des parlementaires ont soumis mercredi au gouvernement 25 propositions pour un suivi plus adapté, aujourd'hui "impossible du fait d'inégalités sociales et territoriales".

A la lecture du rapport, le gouvernement a annoncé "quatre priorités": une consultation dédiée à la ménopause pour chaque femme, "renforcer l'information dès le plus jeune âge", soutenir la recherche sur le sujet et mieux prendre en compte la ménopause dans le monde du travail.

Les propositions "sont pragmatiques, chiffrées, applicables dans un horizon de deux ans", a estimé la députée macroniste Stéphanie Rist en remettant à la ministre de la Santé Catherine Vautrin les conclusions de cette mission parlementaire qui lui avait été confiée à l'automne.

Emmanuel Macron avait souhaité que soit dressé un "état des lieux de la prise en charge" et "des difficultés rencontrées par les femmes en termes d'information et de suivi".

Synonyme au plan médical de fin de l'activité ovarienne et de l'arrêt des cycles menstruels, la ménopause a des conséquences sur la santé des femmes: symptômes invalidants, risque d'apparition de pathologies futures (ostéoporose, risques cardiovasculaires, cognitifs...).

C'est aussi une étape qui touche toute leur vie sociale, et une "construction sociale qui contribue à en faire un tabou".

Or les femmes se retrouvent "bien seules" face à "des informations contradictoires" et des professionnels qui souvent, "faute de formation, ne proposent pas de prise en charge", souligne le rapport.

"Ainsi s'accommode-t-on que des femmes refusent une promotion, quittent leur emploi ou partent en retraite anticipée, avec des coûts importants pour les entreprises", voire qu'elles aient des infarctus ou des fractures graves, faute de prise en charge adaptée.

Les parlementaires préconisent de "garantir une prise en charge adaptée pour toutes", aujourd'hui rendue "impossible" par des "inégalités sociales et territoriales", et de "changer le regard" grâce à "l'éducation dès le collège", une communication efficace et un "soutien à la recherche".

Chaque femme doit se voir proposer "un parcours individualisé de la ménopause (le PIM), pluridisciplinaire" grâce à une "coordination accrue entre professionnels médicaux et non médicaux".

- Établir "des recommandations claires" -

Bien davantage prescrit "dans les départements les plus riches", le traitement hormonal de la ménopause (THM) a bénéficié à seulement 2,5% des femmes ménopausées en 2024, "un chiffre qui s'est effondré comparé au début des années 2000". Les sage-femmes devraient pouvoir le prescrire "sous conditions de formation et de parcours coordonné".

"Il faut dépasser le débat +pro+ ou +anti+ hormones" en établissant "des recommandations claires, s'appuyant sur l'ensemble des thérapeutiques reconnues comme efficaces", plaident les parlementaires.

Des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) sont attendues "d'ici mi-2026", a précisé son président Lionel Collet.

La création d'une consultation longue en début de ménopause doit être discutée lors de la négociation du prochain avenant à la convention entre médecins libéraux et assurance maladie, dit le rapport.

Pour le gouvernement, une telle consultation, "dès les premiers signes de la ménopause", permettra "un accompagnement personnalisé, intégrant les dimensions gynécologique, cardiovasculaire et ostéo-articulaire de cette étape de vie".

Nulle donnée statistique n'existant en France "sur le coût économique du défaut de prise en charge et d'accompagnement de la ménopause" - chiffré à 11,6 milliards d'euros par an au Japon -, il faut l'évaluer.

Le rapport propose d'intégrer l'enjeu de la ménopause dans la visite médicale de mi-carrière à 45 ans, de créer un guide "Ménopause sur le lieu de travail" destiné aux managers et aux salariés et d'encourager "l'élaboration d'un diagnostic suivi d'un plan d'adaptation des conditions de travail à l'échelle de chaque établissement".

Les débats sur l'emploi des seniors, la qualité de vie au travail ou la retraite font actuellement "l'impasse" sur la ménopause, regrettent les parlementaires.

Pour mieux prendre en compte cette thématique dans le monde professionnel, le gouvernement soutient la proposition sur la visite médicale de mi-carrière et commande une étude économique à France Stratégie pour "mesurer les impacts de la ménopause sur l'activité professionnelle des femmes".