La ville de Marseille a lancé mardi une expérimentation sur quatre plages pour utiliser des herbiers de posidonie afin de lutter contre leur érosion, en y répartissant des couches successives de sable et de feuilles mortes de ces plantes endémiques de Méditerranée à l'intérêt écologique majeur.
"On ne ramasse plus les végétaux échoués sur le sable entre fin octobre et maintenant", a expliqué Hervé Menchon, adjoint en charge notamment du littoral à la mairie de la deuxième ville de France.
Par conséquent, les feuilles mortes des herbiers de posidonie, qui sont caduques, viennent s'échouer et former en hiver de larges "banquettes" aux couleurs sombres sur les plages, ce qui constitue un rempart naturel contre les vagues.
Mais avec l'arrivée de la saison estivale, il n'est pas possible de laisser ces banquettes en l'état, et pendant quelques jours, une entreprise équipée d'une pelle mécanique va donc oeuvrer à étaler la posidonie, pour former un "tapis", qui sera recouvert de sable, et ainsi de suite jusqu'à former un "mille-feuille", a poursuivi M. Menchon.
A la fin, les feuilles, intégrées au sable, ne seront plus visibles.
"La banquette, il y a du sable à l'intérieur naturellement, et un mètre cube de posidonie peut piéger entre 10 et 100 kg de sable", a détaillé Liva Andriamamonjy, chargée d'étude au sein du service gestion du littoral de la municipalité.
Surnommés "poumons des mers", les herbiers de posidonie servent de puits de carbone, de nurserie pour poissons, en plus d'apporter cette protection contre l'érosion côtière.
Bien que la posidonie soit une plante protégée depuis 1988, il était d'usage pendant de nombreuses années de retirer les banquettes des plages.
Cette coutume était une réponse "à des stéréotypes touristiques de la plage de sable blanc, tout fin, avec des cocotiers: plutôt que d'aller aux Antilles, on a essayé de reproduire les Antilles sur le littoral méditerranéen, et donc, on a dénaturé notre paysage littoral", a regretté Hervé Menchon.
La banquette de posidonie a donc toujours fait "partie du paysage naturel de notre littoral méditerranéen", a insisté l'élu, mais un travail de sensibilisation du public sera nécessaire, pour accompagner le chantier, et expliquer que la formation des banquettes est un phénomène naturel, bénéfique à l'environnement et qui n'est ni sale, ni nauséabond.
Le budget alloué au projet est de 375.000 euros pour trois ans, et concernera la plage du Prophète, la plage Borély, la plage de Bonneveine et la plage du Fortin.