Le projet de budget pour 2026 confirme que les aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov' resteront "recentrées sur les logements prioritaires" l'an prochain, et l'Agence nationale de l'habitat (Anah), qui distribue ces subventions, voit sa dotation baisser de 500 millions d'euros, selon des documents consultés par l'AFP.
"Le dispositif MaPrimeRénov' fait l'objet d'un recentrage sur les logements prioritaires en ce qui concerne les rénovations d'ampleur, tandis que les aides versées au titre des rénovations dites par +gestes+ cibleront en priorité la décarbonation", est-il indiqué dans le projet de loi de finances (PLF) dévoilé mardi.
Le recentrage du dispositif et la mobilisation plus importante de certificats d'économie d'énergie (CEE) ont pour but de permettre à l'Etat de verser moins d'argent à l'Anah, qui disposera de 1,5 milliard d'euros de crédits de paiement en 2026, contre 2 milliards en 2025, selon une annexe au PLF, consultée par l'AFP.
Les autres dispositifs d'amélioration de l'habitat de l'Anah ne sont pas modifiés par le gouvernement et la baisse de dotation concernerait donc principalement MaPrimeRénov'.
Pour Maxime Ledez, chercheur à l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE), "c'est une grande baisse" de budget. "On voit difficilement comment il serait possible de baisser la dotation financière tout en augmentant le nombre de rénovation énergétique", pour atteindre l'objectif fixé par l'Etat de 700.000 logements rénovés par an en 2030.
"La question c'est +Est-ce que les CEE seront suffisants pour compenser cette baisse des crédits ?+", interroge Maxime Ledez. Les CEE sont financés par les énergéticiens dans un volume fixé par l'Etat, mais qui n'a pas encore été défini pour 2026 et au-delà.
Le texte ne précise pas le budget alloué spécifiquement à MaPrimeRénov'. Il était de 3,6 milliards d'euros en 2025, dont 2,5 milliards dédiés aux rénovations d'ampleur et à l'accompagnement des ménages dans ces projets.
MaPrimeRénov' "rénovation d'ampleur" désigne les projets cumulant plusieurs types de travaux d'amélioration de la performance énergétique d'un logement. Ce dispositif a été mis en pause cet été par l'ancien gouvernement face à un nombre trop élevé de demandes.
Le guichet a rouvert le 30 septembre dans des conditions plus restreintes et moins généreuses qu'auparavant: seuls les logements classés E, F ou G au diagnostic de performance sont éligibles, les ménages modestes et très modestes sont prioritaires et un quota de dossiers maximum a été fixé.
Les plafonds de travaux ont aussi été abaissés pour éviter les effets d'aubaine.
Quant aux aides pour les rénovations "par geste", qui désignent les travaux de rénovation réalisés de façon isolée (changement d'une chaudière, isolation des murs...), il est prévu d'exclure l'isolation des murs et de l'installation de chaudières biomasse (bois et granulés) de la liste des travaux éligibles.
Il n'y a pas plus de précision à ce stade sur la priorité donnée à la décarbonation par le PLF 2026.