MaPrimeRénov': face au mécontentement, le dispositif maintenu pour les travaux isolés de rénovation

Face au mécontentement du secteur du bâtiment, le gouvernement a décidé de maintenir le dispositif d'aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov' pour les travaux isolés, tout en avertissant qu'il ne s'agirait pas "d'un puits sans fond illimité".

Le ministère du Logement a également annoncé des modifications du dispositif pour réduire le montant des aides, pour les dossiers concernant les rénovations d'ampleur.

"Le guichet des +monogestes+ ne fermera pas (pour l'été, NDLR), c'est une décision qui a été prise par le gouvernement à la suite de l'écoute de la filière qui avait manifesté (...) un fort mécontentement", a expliqué le cabinet de la ministre chargée du Logement Valérie Létard lundi lors d'un point-presse.

Ces travaux isolés de rénovation portent par exemple sur l'installation d'une chaudière ou la pose de fenêtres.

Toutefois, le maintien des aides pour ces opérations de moindre ampleur pour l'été n'est pas "une pérennisation sans conditions", a averti le ministère, qui mentionne de possibles modifications des règles concernant les travaux "mono-gestes" à l'"horizon 2026".

Côté travaux d'ampleur, ont été évoquées plusieurs pistes comme le "recentrage sur les logements les plus énergivores" et la "baisse du plafond de travaux subventionnables" pour qu'il ne "dépasse pas 50.000 euros".

Le ministère prévoit également la suppression du bonus de 10% sur le montant des travaux permettant de sortir un logement des catégories F ou G, les notes attribuées aux logements les plus énergivores, selon le diagnostic de performance énergétique.

- "Revendication légitime" -

La Fédération française du bâtiment, vent debout contre la suspension de MaPrimeRénov annoncée le 4 juin dernier, a salué le maintien de l'aide pour les travaux mono-gestes, une "belle et grande victoire".

"Le travail de fond et de négociation engagé depuis dix jours, puis la décision d'une mobilisation nationale et locale (...) ont porté leurs fruits", peut-on lire dans un communiqué lundi.

"C'était une revendication légitime", a fait valoir son président, Olivier Salleron, auprès de l'AFP. "La rénovation par gestes, ça fonctionne, c'est plus simple, beaucoup moins cher (que la rénovation d'ampleur NDLR), ça fait entre 35% et 50% d'économies d'énergie en plus. Et ça fait travailler beaucoup d'artisans", a-t-il détaillé.

La FFB avait voté vendredi une résolution appelant à "des mobilisations de terrain" pour protester dès le 2 juillet si la suspension des aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov' était maintenue.

Elle prévoyait "des actions revendicatives de terrain" en l'absence "d'avancées notables, concrètes et rapides". Olivier Salleron avait promis une mobilisation avec "camionnettes, engins de chantier, camions, qui sont plus gros que des tracteurs".

Plusieurs associations professionnelles du bâtiment avaient demandé a minima le maintien des subventions pour les aides à la rénovation par gestes.

- 50 millions d'euros de fraude potentielle -

Le cabinet de la ministre est également revenu sur les "fragilités" du dispositif MaPrimeRénov' qui ont justifié, selon le gouvernement, sa suspension et sa refonte.

En cause, notamment, "la professionnalisation de la fraude" et sa "croissance" sur les rénovations d'ampleur "du fait d'accompagnateurs rénov' peu scrupuleux", ces professionnels chargés de conseiller les particuliers sur les travaux à effectuer, dont l'assistance est obligatoire pour déposer un dossier.

Huit millions d'euros d'aide font actuellement l'objet de contentieux et de procédure de recouvrement, a estimé le ministère. La "fraude potentielle" calculée par Tracfin, organisme de lutte contre les circuits financiers clandestins, serait de l'ordre de 50 millions d'euros.

Mais le principal problème réside dans l'épuisement plus rapide que prévu de l'enveloppe allouée au dispositif "plutôt en 9 mois qu'en 12" au vu de l'accélération des dépôts de demandes, a concédé le ministère. Un embouteillage de dossiers en 2025 pourrait conduire à les reporter sur l'année 2026.

Par ailleurs, le délai de traitement des dossiers est passé de "70 à 105 jours" et les instructeurs se sont retrouvés "débordés".

Au 31 mai 2025, 122.000 ménages ont bénéficié de MaPrimeRénov', avec 78.000 rénovations par geste et 44.000 rénovations d'ampleur, "principalement, à 80%, sur des logements classés F ou G".

Les travaux mono-gestes bénéficient en moyenne de 4.000 euros d'aide publique, contre 40.000 euros pour des rénovations d'ampleur.

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