Écologiste convaincu, le roi Charles III a placé l'environnement au coeur de sa dernière étape en France, vendredi à Bordeaux sur d'anciennes terres anglaises, dont il rencontrera le maire écolo avant de visiter une forêt expérimentale et un vignoble bio.
Jeudi, au Sénat, il a proposé une nouvelle "Entente" franco-britannique pour lutter contre le réchauffement climatique, au lendemain d'un revirement critiqué de Downing Street en la matière.
Un discours salué dans la presse anglaise, à l'instar du Daily Mail qui l'a qualifié d'"historique", le Times saluant au passage la qualité du français de Charles III. La barre était haute car sa mère, la reine Elizabeth II, était bilingue.
Attendu en début d'après-midi à Bordeaux, son premier interlocuteur sera le maire écologiste de la ville Pierre Hurmic, qui avait déclaré l'état d'urgence climatique après son élection en 2020. "Il y a des liens historiques entre notre ville et la Grande-Bretagne", a rappelé jeudi l'élu lors d'un point-presse.
En 1152, le mariage d'Aliénor, duchesse d'Aquitaine, avec Henri II Plantagenêt, qui deviendra roi d'Angleterre deux ans plus tard, a marqué le début de trois siècles de domination anglaise dans la province, jusqu'à la fin de la guerre de Cent Ans en 1453.
La région demeure la terre d'élection d'un quart des Britanniques résidant en France, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques. Reste à voir combien braveront la pluie, vendredi, pour venir saluer le couple royal.
- Porte remplacée -
"Au-delà de ces liens historiques, nous voyons une reconnaissance de la façon dont la ville de Bordeaux répond, depuis plusieurs années, aux enjeux écologiques et climatiques qui intéressent particulièrement le roi Charles III", a ajouté Pierre Hurmic, qui plantera un arbre avec ce dernier.
La cause environnementale est une priorité de longue date pour le souverain. Il avait pris la parole, fin 2021, à la Conférence internationale pour le climat (COP) de Glasgow, en Ecosse, pour exhorter les chefs d'Etat à redoubler d'efforts contre le réchauffement climatique.
Promoteur d'un mode de vie plus durable, il a créé une ferme biologique, remplacé les énergies fossiles par des renouvelables dans les propriétés royales et il fait rouler sa vieille Aston Martin avec du surplus de vin blanc anglais et du lactosérum provenant du processus de fabrication du fromage.
Charles III sera accueilli par un orchestre d'enfants à l'Hôtel de ville, dont la porte avait été incendiée en mars en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites, quelques heures avant l'annonce du report de sa première visite d'Etat en France. Elle a été remplacée début juin par une réplique en trompe-l'oeil.
Il y admirera des photos de sa première visite à Bordeaux en 1977, en tant que prince de Galles, et de celle d'Elizabeth II en 1992. Le maire de Bristol, commune jumelée depuis 76 ans avec Bordeaux, participera à la cérémonie, à laquelle ont été conviés élus municipaux et anciens maires dont Alain Juppé.
La place Pey-Berland, où se trouve l'hôtel de ville près de la cathédrale, sera ouverte au public, tout comme le miroir d'eau face à la place de la Bourse, où un village d'artisans et une scène d'artistes a été installé. Le couple royal s'y rendra en tramway après un détour par la frégate HMS Iron Duke, amarrée sur la Garonne. Le prince William avait suivi une formation militaire à bord de ce bâtiment de la Royal Navy en 2008.
- Bio et pesticides -
Camilla visitera ensuite une association d'aide aux plus démunis, Le Pain de l'Amitié, pendant que Charles III franchira le fleuve pour découvrir une forêt expérimentale à Floirac.
Des scientifiques de l'université de Bordeaux et de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement y étudient depuis 2020 l'impact des changements environnementaux, à commencer par la sécheresse dans une région marquée par de gigantesques incendies en 2022.
Avant de repartir en avion pour le Royaume-Uni, le couple royal fera une dernière halte au Château Smith Haut Lafitte, domaine viticole de 87 hectares converti à la biodynamie.
Fondé au XIVe siècle et portant le nom d'un ancien propriétaire écossais, George Smith, sa réussite tranche avec le marasme dans lequel est plongé le plus grand vignoble AOC de France --110.000 hectares cultivés-- qui souffre d'une grave crise de surproduction.
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