Développement massif de la biomasse, construction de huit à dix EPR, sobriété et efficacité énergétique: la fédération chimie énergie de la CFDT a présenté mercredi un rapport qui entend alimenter le débat public pour un futur décarbonné mais "juste".
"Nous revendiquons une transition qui soit juste et respectueuse des hommes et des femmes", a posé en préambule de la présentation du rapport Dominique Bousquenaud, secrétaire général de la fédération chimie énergie de la CFDT.
Mercredi, le syndicat a dévoilé des travaux menés depuis septembre pour une transition écologique sociale et respectueuse des objectifs de l'Union européenne édictés dans son paquet législatif "Fit for 55" voté en juillet 2021.
Ce dernier impose une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% entre 1990 et 2030.
La route tracée par la CFDT est donc simple: "réduire la consommation d'énergie et développer considérablement le recours aux énergies renouvelables" tout en conservant "une base de nucléaire", explique Dominique Bousquenaud.
Dans le scénario avancé par le rapport, la consommation d'énergie devra avoir baissé de près de 26% entre 2015 et 2030. La sortie du charbon et du fioul et la division par plus de deux de la consommation de produits pétroliers devraient permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 56,8%.
Pour compenser la chute des énergies fossiles, "nous suggérons un développement massif de la biomasse (matière organique valorisée énergétiquement)", avance Christophe Béguinet, conseiller énergie de la CFDT et qui a présenté le rapport.
Il faudra aussi engager un développement de l'électricité "plutôt entre 2030 et 2050" pour laisser le temps de développer les moyens de production, selon M. Béguinet.
Car la CFDT insiste: si on se projette sur une trajectoire de réindustrialisation du pays, "ça nous amène à des consommations d'électricité de 700 à 750 Twh par an en 2050" (contre 468 TWh en 2021).
- Huit à dix EPR -
Le syndicat recommande donc la construction de huit à dix EPR d'ici cette date, ce qui correspond "au minimum de ce qu'on estime nécessaire mais aussi au maximum de ce que peut construire la filière sans prendre de pari technologique excessif", insiste Christophe Béguinet.
Pour rappel, lors de son discours de Belfort le 10 février, Emmanuel Macron avait annoncé la construction de six EPR ainsi que l'étude de huit autres d'ici 2050.
Il s'agit de "laisser le choix" aux générations futures sans hypothéquer l'avenir, affirme Dominique Bousquenaud. "En 2080, elles auront le choix en fonction des évolutions technologiques de dire si on arrête ou non le nucléaire", avance-t-il, pas avant.
Toute autre décision mettrait en danger l'avenir industriel du pays, d'après la CFDT.
Le syndicat avance également plusieurs recommandations, surtout pour le secteur des transports, qui pèse un tiers des émissions de CO2 en France. "La sobriété énergétique ne peut être présente d'après nous que sur les mobilités", a affirmé M. Béguinet, rejetant l'idée de se chauffer moins par exemple.
Outre les évolutions technologiques avec la généralisation des véhicules électriques, hybrides ou roulant au bio-GNV, les usagers seront mis à contribution avec "5% de réduction de la mobilité par personne d'ici 2030", a expliqué Christophe Béguinet.
Le secteur du bâtiment devra aussi faire des efforts avec le développement massif des pompes à chaleur électriques ou hybrides et une réduction drastique des logements chauffés au fioul qui sont encore "3 millions en France".
Pour l'industrie, qui a déjà baissé ses émissions "de 45% entre 1995 et 2015, notre préconisation est de ne pas lui demander de faire mieux mais de garder cette tendance de décarbonation", avance Christophe Béguinet, et ce toujours dans un souci de préservation des emplois.
Même chose pour l'agriculture, qui devra être protégée pour éviter une hausse des prix de l'alimentaire.