Macron tente d'incarner le combat écologique, malgré les reculs et les critiques

Quatre jours durant, Emmanuel Macron a tenté d'incarner le combat écologique sur la scène internationale, une manière de se démarquer de ceux qui, de Donald Trump jusqu'à certains dans son propre camp en France, remettent en cause la "priorité" climatique, mais sans toujours convaincre.

Point d'orgue d'une séquence qui l'a vu en porte-parole de la cause des océans à Monaco puis à Nice, pour une conférence internationale de l'ONU qu'il coprésidait avec le Costa Rica: une émission télévisée sur France 2 mardi en prime time.

Intitulée "Urgence océan: un sommet pour tout changer", présentée par Léa Salamé et Hugo Clément, la soirée sera diffusée en direct depuis la Promenade des Anglais, avec vue à couper le souffle sur la Méditerranée.

La conférence niçoise est "un succès", a revendiqué lundi le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse.

"Alors que les vents mauvais se sont remis à souffler pour écarter toutes les questions climatiques, environnementales ou de biodiversité de l'agenda international, jamais la communauté internationale n'avait mobilisé autant de chefs d'État et de gouvernement, autant de pays pour nos océans", s'est-il félicité.

"Nos scientifiques nous disent des faits que nous n'aurions pu imaginer, des canicules au sein même de nos océans", qui sont "en ébullition", a aussi déploré Emmanuel Macron.

Face à cela, il a mis en avant les ratifications engrangées, et les engagements d'autres pays, qui permettront selon lui une entrée en vigueur au 1er janvier 2026 du traité de protection de la haute mer -- un résultat qui devra être vérifié à l'automne.

- "Tour de force" -

"Un tour de force de la diplomatie française", a vanté le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. "Une marée d'espoir et un grand motif de célébration", a aussi salué Rebecca Hubbard, directrice de la High Seas Alliance, une organisation non gouvernementale.

Sur l'autre avancée de la conférence, l'extension des aires marines protégées annoncées par plusieurs pays dont la France, l'accueil a été en revanche plus sceptique.

Pour Nicolas Fournier de l'ONG américaine Oceana, "le président Macron a fait naître l'espoir que le gouvernement français agisse enfin contre le chalutage de fond dans les aires marines protégées, mais ces annonces sont plus symboliques qu'efficaces".

"Emmanuel Macron a ainsi malheureusement raté l'opportunité de montrer qu'il se souciait autant des océans que de son image de pionnier sur la scène internationale", a renchéri, plus tranchant, François Chartier de Greenpeace France.

Devant la presse, le président a dû défendre ses mesures, assurant que "la France fait partie des meilleures élèves".

Au-delà, le chef de l'Etat a mis en avant son volontarisme en matière de diplomatie climatique pour montrer qu'il "continue d'agir", un an exactement après la dissolution de l'Assemblée nationale qui l'a privé durablement de majorité et lui a fait perdre grand nombre de leviers sur la scène nationale.

Replié sur ses prérogatives internationales et régaliennes, Emmanuel Macron a plusieurs fois ces derniers jours critiqué le désengagement américain en matière climatique. Mais aussi les décisions prises par le Parlement ou le gouvernement français qui détricotent son bilan écologique déjà jugé insuffisant par de nombreux défenseurs de l'environnement.

"On a aujourd'hui une remise en cause aussi de la priorité dans le débat public donnée au climat, y compris d'ailleurs en France", a-t-il lancé à Nice, dénonçant une "énorme erreur".

"Je ne suis pas content de ce que j'ai pu voir ces derniers jours", a-t-il aussi dit dans la presse régionale durant le week-end, reprochant au gouvernement et au Parlement de "céder aux facilités du moment". En cause, la suspension des aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov', la fin des zones à faibles émissions (ZFE) qui restreignent la circulation des véhicules très polluants, ou encore le retour envisagé à l'usage de pesticides dangereux.

Mais cette posture autoproclamée de "vigie" n'a toutefois pas convaincu.

"Le président semble avoir honte de ses reculs écolos. Il peut. Où était-il quand l'écologie était sabrée dans le budget et quand ses députés votaient contre l'écologie?", a critiqué la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier.