Macron s'extrait du grand débat pour se rendre à Djibouti, en Ethiopie et au Kenya

Emmanuel Macron se rend de mardi à jeudi à Djibouti, en Ethiopie et au Kenya, pour défendre la place de la France dans cette région qui suscite la convoitise des grandes puissances, notamment la Chine.

C'est le premier grand voyage à l'étranger du président français depuis l'explosion de la crise des "gilets jaunes", qui l'a poussé à privilégier les déplacements en France pour le grand débat.

Après avoir atterri lundi soir à Djibouti, Emmanuel Macron se rendra sur la base militaire française, la plus grande dans le monde. Ce petit État stratégiquement situé à l'entrée de la mer Rouge accueille aussi la seule base américaine en Afrique continentale. De plus, la Chine y a ouvert en 2017 sa première base militaire à l'étranger.

Il continuera vers l'Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d'Afrique avec plus de 100 millions d'habitants, en commençant par une visite du site de Lalibela, célèbre pour ses églises enterrées du XIIIe siècle taillées dans la roche.

Il sera le premier président français à se rendre dans ce haut lieu de la chrétienté, classé au patrimoine mondial de l'Unesco.

En octobre, quand il avait reçu à Paris le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, le chef de l'Etat avait promis que la France proposerait des solutions pour aider à conserver les monuments, menacés par l'érosion, alors que le tourisme s'y développe fortement. Spécialistes reconnus du site, les chercheurs et archéologues français sont présents en Ethiopie depuis cinquante ans.

Accompagné d'une délégation de chefs d'entreprises, Emmanuel Macron se rendra ensuite dans la capitale Addis-Abeba où il rencontrera la présidente Sahle-Work Zewde et le chef de l'exécutif, le Premier ministre Abiy, 42 ans, qui a multiplié les réformes depuis son arrivée au pouvoir il y a près d'un an.

L'Ethiopie est devenue le premier excédent commercial de la France en Afrique sub-saharienne, à 791 millions d'euros en 2017 contre 386 millions un an plus tôt, en grande partie grâce à des ventes d'Airbus A350 à Ethiopian Airlines. Hors aéronautique, les exportations ont plus que doublé depuis 2014, notamment dans la pharmacie, alors que la France importe pour 40,5 millions d'euros d'Ethiopie, surtout des produits agricoles.

Le lendemain matin, il se rendra au siège de l'Union africaine pour évoquer notamment les coopérations dans le domaine de la ville durable.

Puis il décollera pour Nairobi, dernière étape. Il s'y entretiendra avec le président kényan Uhuru Kenyatta. La question du financement de la mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom), qui se bat contre les insurgés islamistes radicaux shebab et à laquelle le Kenya contribue en troupes, pourrait être abordée.

Les deux présidents devraient dans un second temps évoquer les projets communs d'infrastructures de transports, avant un dîner d'Etat.

- Poids de la dette -

Le Kenya est encore un partenaire commercial mineur avec seulement 150 à 200 millions d'exportations en 2017 mais la France devrait signer à cette occasion des contrats de l'ordre de 3 milliards d'euros (énergie, infrastructures, ville durable).

La relative stabilité du pays, porte d'entrée du marché de la Communauté d'Afrique de l'Est et ses 200 millions d'habitants, attire de plus en plus d'entreprises françaises. Le groupe Carrefour a plusieurs surfaces à Nairobi et Décathlon vient d'y ouvrir son premier magasin.

Jeudi, avec le président kényan, il coanimera une édition africaine du "One Planet Summit" sur l'environnement et participera à l'ouverture de l'Assemblée de l'ONU pour l'environnement.

Enfin, le président français aura un échange avec des étudiants à l'Université de Nairobi.

"L'Ethiopie et le Kenya ont d'immenses besoin d'infrastructures" et "le président de la République est attendu sur les instruments financiers que nous pouvons mettre sur la table et nos entreprises sur les modèles de partenariat qu'elles peuvent proposer sans accroître la dette" de ces Etats, selon l'Elysée.

Une cinquantaine de grandes entreprises françaises sont implantées dans la région comme Total, Castel, Saint-Gobain, Décathlon, Bolloré, Orange, CMA-CGM, Soufflet, Peugeot, Essilor, Bonduelle, L'Oréal, EDF, Engie, Danone ou Schneider.

Parmi les patrons qui accompagneront la visite figurent Stéphane Richard (Orange) et Jean-Bernard Lévy (EDF).

S'il compte s'exprimer avant tout en français pour défendre la francophonie, Emmanuel Macron devrait prononcer quelques mots en swahili.