Macron reprend la route loin de Paris pour sortir de la crise

Après 14 mois de crise, Emmanuel Macron démarre cette semaine dans le Lot un "Tour de France" pour "prendre le pouls" des Français afin de fixer le cap des dix derniers mois de son quinquennat, ultime ligne droite avant la présidentielle.

Le chef de l'Etat visitera mercredi et jeudi les villages de Saint-Cirq-Lapopie et de Martel dans un département qui représente à ses yeux une "ruralité heureuse" mêlant reconquête industrielle, tourisme et racines historiques. Mais aussi l'un de ces lieux "qui permettent de comprendre ce qui est accepté en France et ce qui ne l'est pas", comme il l'a expliqué récemment à la revue Zadig.

Savoir ce que le pays peut accepter, tel est l'un des objectifs de la dizaine de déplacements qu'il compte effectuer en juin et juillet parfois sur plusieurs jours. En terminant, peut-être fin juillet, par la Polynésie.

"Dès le début du mois de juin, grâce au retour à une vie aussi normale que possible, je veux reprendre mon bâton de pèlerin et aller dans les territoires pour prendre le pouls du pays, aller au contact", avait-il annoncé à la presse régionale le 29 avril.

Avec ce "pèlerinage", comme le surnomment des conseillers, à l'instar de son "itinérance mémorielle" dans le Nord et l'Est en 2018 et de son "Grand débat" en 2019, Emmanuel Macron tente à nouveau d'établir un dialogue personnel, sans intermédiaire, avec un pays qu'il sait divisé. Une réponse à ceux qui l'accusent d'être déconnecté.

Il veut pour cela rencontrer des Français de toutes catégories, des salariés aux chefs d'entreprises, des indépendants aux étudiants, des associations aux élus locaux, selon l'Elysée.

Emmanuel Macron "adore" l'exercice et "depuis 15 mois il est coincé" par le Covid, explique le député LREM Roland Lescure. "Cela va nourrir sa réflexion" pour 2022, ajoute M. Lescure, alors que les oppositions avaient critiqué les plaidoyers sur plusieurs heures du chef de l'Etat pendant le Grand débat.

Le premier objectif est de faire connaître le plan de relance de 100 milliards, pas encore perçu concrètement sur le terrain. Si 36 milliards ont été engagés - mais pas encore décaissés - surtout pour la rénovation de bâtiments par les collectivités locales et les particuliers - Emmanuel Macron dispose d'une manne de 64 milliards encore à flécher.

"Après un an de crise, il faut savoir si les priorités des Français ont évolué. Pour les deux-tiers du plan de relance encore à engager, y a-t-il des priorités à soutenir davantage? Des simplifications pour que les acteurs locaux s'en emparent, afin qu'immédiatement après la crise la machine se remettre en marche? L'enjeu est majeur, car tous les pays vont se lancer dans la bataille de la relance", souligne à l'AFP le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

- Quelles réformes? -

Deuxième objectif: arbitrer sur de grandes réformes suspendues par la crise, comme celle des retraites et celle de la dépendance qui pourraient être couplées. Ou encore sur le périmètre d'une "garantie jeune universelle" pour les défavorisés, en train d'être finalisée.

La majorité est divisée sur le bien-fondé de reprendre la bataille d'une réforme des retraites très controversée à l'approche de la présidentielle. La ministre du Travail Elisabeth Borne a affirmé dimanche que la crise sanitaire n'avait "pas du tout invalidé l'intérêt d'une réforme" mais qu'il fallait "voir" si elle était possible à mener dans les prochains mois.

Le président, qui dit vouloir gouverner "jusqu'au dernier quart d'heure", répète qu'il ne compte pas renoncer à "transformer le pays".

"Ces échanges sans filtre vont éclairer les décisions à prendre sur les réformes envisagées. Nous sortons de la crise, il va rester une dizaine de mois utiles", explique Gabriel Attal. Il pourra aussi en profiter pour valoriser son bilan.

A Saint-Circq-Laponie et Martel, deux villages médiévaux réputés, Emmanuel Macron soulignera en outre "l'importance du tourisme", un secteur "durement touché par la crise sanitaire", précise l'Elysée.

Le chef de l'Etat risque cependant, comme cela a été le cas récemment à Nevers, lors de son premier vrai bain de foule depuis le début de la crise du Covid, d'être surtout interpellé sur la sécurité, premier sujet de préoccupation des Français, ou encore l'immigration.

Des thèmes phares du Rassemblement national, sur lesquels l'action d'Emmanuel Macron est perçue "plutôt comme un échec" par les deux-tiers des Français, selon un sondage BVA de fin avril.

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