Emmanuel Macron a installé mardi le Haut conseil pour le climat, composé d'experts qui produiront chaque année un "éclairage indépendant" sur la politique de la France en matière de lutte contre le changement climatique.
En compagnie d'une partie du gouvernement, le chef de l'Etat a réuni pour la première fois les membres de cette instance de 13 scientifiques, économistes et autres experts, présidée par la climatologue franco-canadienne Corinne Le Quéré.
Le rapport annuel du Haut conseil évaluera notamment "le respect de la trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre" et la mise en oeuvre des mesures pour réduire ces émissions, selon l'Elysée.
Alors qu'en pleine crise des "gilets jaunes", certains opposent lutte contre le changement climatique et justice sociale, il devra également prendre en compte les questions sociales liées à ces politiques publiques.
"Cet avis doit être fait en tenant compte de la capacité de payer des ménages et des entreprises", a commenté Corinne Le Quéré, membre du Commitee on Climate Change britannique dont s'inspire ce conseil.
"On va adapter l'approche anglaise pour faire en sorte que la transition énergétique soit le plus juste possible (...) et en même temps qu'elle soit à la hauteur des défis du changement climatique", a-t-elle indiqué à l'AFP, soulignant avoir demandé des "moyens substantiels" pour permettre de réaliser ces rapports.
Alors que certains membres insistaient lundi auprès de l'AFP pour que les avis soient publics et présentés devant le Parlement, ce point n'a pas encore été discuté, a-t-elle ajouté, précisant que le Conseil était sous l'autorité du Premier ministre.
"Le Haut conseil est comme un GPS. On a tracé un objectif -- neutralité carbone et adaptation contre le changement climatique-- et son travail va être de tracer les itinéraires possibles, d'alerter le gouvernement sur le fait qu'il pourrait y avoir des bouchons, des frictions, des questions sociales", et après discussions, à la fin, "il y a un conducteur qui décide", a commenté un autre membre, Benoit Leguet, directeur général du think-tank I4CE (Institute for Climate Economics).
En plus de sa présidente, le Haut conseil est composé de la climatologue Valérie Masson-Delmotte, des économistes Katheline Schubert, Céline Guivarch, Pierre Larrouturou, Alain Grandjean et Laurence Tubiana (également ex-ambassadrice pour les négociations de la Conférence de Paris de 2015), des spécialistes des questions agricoles Jean-François Soussana (directeur scientifique de l'INRA) et Marion Guillou (présidente du consortium de recherche Agreenium), ainsi que du directeur scientifique de l'IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales) Michel Colombier, du directeur du WWF France Pascal Canfin, et des polytechniciens Jean-Marc Jancovici et Benoît Leguet (directeur général d'I4CE).
Parmi les ministres présents à la réunion, figuraient ceux de la Transition écologique François de Rugy, de l'Économie Bruno Le Maire, de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, de la Recherche Frédérique Vidal, de la Santé Agnès Buzyn et de l'Agriculture Didier Guillaume.
Après cette réunion à huis clos, Emmanuel Macron a prononcé un discours dans lequel il a évoqué la lutte contre le réchauffement mais aussi notamment présenté les grandes lignes de la très attendue "Programmation pluriannuelle de l'énergie" (PPE), qui doit fixer dans la loi la politique énergétique française d'ici 2028.