Macron en première ligne de la bataille des européennes

Six mois avant les élections européennes de mai 2019, Emmanuel Macron se démultiplie en France comme en Europe pour mobiliser, en dramatisant les enjeux, le camp des "progressistes" face aux "nationalistes".

Ce scrutin revêt une importance cruciale pour le chef de l'État puisqu'il sera le premier grand test électoral de son quinquennat. Et donc l'occasion de jauger sa popularité, actuellement en berne.

Ces élections dessineront aussi l'état des forces au niveau du continent entre les partisans d'une Europe renforcée, dont il se veut le chef de file, et les opposants.

"Ces élections européennes ne sont pas innocentes", a averti Emmanuel Macron mardi lors d'une visite en Belgique. "Le premier combat de ces élections est entre ceux qui croient à l'Europe et ceux qui n'y croient plus", a-t-il ajouté. "Nous voyons monter partout les extrêmes, les partis nationalistes, ceux qui veulent rompre avec l'Europe".

Il a fait de ce "combat fondamental" l'une des priorités de sa présidence depuis son arrivée au pouvoir en mai 2017.

Il a récemment chargé son conseiller parlementaire à l'Élysée, Stéphane Séjourné, de mener la campagne européenne de son parti La République en marche (LREM). Mais le plus dur reste à faire: trouver une tête de liste capable de séduire les électeurs au delà du cercle des Macronistes. Pour l'instant, aucun nom ne se dégage et l'une des personnalités approchées, l'ex-ministre des Verts Pascal Canfin, actuel patron de WWF, a décliné.

De discrètes discussions sont parallèlement menées pour élargir le socle de la liste, au-delà de LREM et du Modem. Emmanuel Macron aurait ainsi dîné mardi soir avec les ex-Premiers ministres de droite Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin ainsi que François Bayrou, selon des informations de L'Opinion que l'Élysée s'est refusé à commenter.

Européens convaincus, MM. Juppé et Raffarin partagent le constat alarmiste d'Emmanuel Macron, le maire de Bordeaux se déclarant ainsi "pour la première fois vraiment inquiet pour l'avenir de l'Europe".

- "Référendum anti-Macron" -

Mais la tache s'annonce rude car les européennes sont traditionnellement une élection difficile pour la majorité, les électeurs se focalisant plutôt sur les enjeux nationaux qu'européens, jugés trop lointains et complexes.

Ainsi, Emmanuel Macron a tenté de profiter des commémorations de la fin de la guerre de 14-18 pour prôner un renforcement de l'Europe. Mais lors de ses échanges avec les Français dans le nord et l'est, il a surtout été interpellé sur le niveau des retraites et la hausse des taxes sur le carburant.

Ses opposants sont également décidés à faire des européennes un "référendum anti-Macron", selon l'expression de Jean-Luc Mélenchon.

Or les importantes réformes annoncées dans les mois qui viennent, risquent à nouveau de cristalliser l'opinion, comme celle des retraites ou de la fonction publique, sans oublier l'entrée en vigueur du prélèvement à la source ou la nouvelle hausse de la fiscalité des carburants au 1er janvier.

Dans le Nord comme en Belgique, Emmanuel Macron a rappelé qu'aux européennes de 2014 le Front national, rebaptisé depuis Rassemblement national (RN), était arrivé en tête du scrutin. Ses listes avaient recueilli près de 25% des suffrages, faisant des eurodéputés d'extrême-droite le plus gros contingent d'élus français du Parlement européen (une vingtaine sur 74 au total).

Selon un récent sondage Ifop pour le site Atlantico, le RN arrive désormais en tête des intentions de vote pour 2019 avec 21% des voix, devant LREM qui baisse à 19%. Loin derrière, LR recueillerait 13% des voix et La France Insoumise 10%.

"Dans mon pays, le premier parti européen, c'est le FN, (...) a-t-il amélioré l'Europe? Je ne l'ai pas vu", a lancé mardi M. Macron.

Le chef de l'État redoute désormais que, à l'occasion du renouvellement de l'assemblée européenne, aucune majorité ne puisse être formée sans "les nationalistes ou les extrêmes".

Pour tenter de peser davantage, LREM, qui n'existait pas lors des élections de 2014, a décidé de faire front commun avec les partis membres de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe (ALDE), actuellement la quatrième force au sein du Parlement européen.