En parlant "sobriété" énergétique, Emmanuel Macron a adressé jeudi un message aux écologistes et à la gauche, avec un clin d'oeil appuyé à Jean-Luc Mélenchon dont il reprend à son compte la "planification écologique".
A 10 jours du premier tour, place à l'environnement, considéré comme "un angle mort" du début de la campagne du président-candidat, qui n'y avait consacré que quelques minutes lors de la présentation de son programme à la mi-mars.
Pour l'occasion, Emmanuel Macron avait choisi la petite station balnéaire de Fouras (Charente-Maritime), près de La Rochelle, qui accueille une vaste décharge sauvage, aujourd'hui fermée, que l'État a décidé de dépolluer à partir de cet été.
A la place d'une visite des lieux, peu photogéniques, il a déambulé plus de deux heures dans le village en étant interpellé par les habitants sur les retraites, le pouvoir d'achat, les soins à domicile, l'affaire des cabinets de conseil... Mais très peu sur l'écologie, sauf lorsque six jeunes ont crié à son passage "Inaction climatique, trahison politique !".
"C'est sûr que le réchauffement c'est important mais bon, en ce moment, on pense plus à la hausse des prix et à notre portefeuille", relativise Nathalie, une retraitée installée à Fouras.
Conscient de cette priorité électorale, sur laquelle surfe Marine Le Pen, Emmanuel Macron a tenté, dans son discours prononcé sur la place du marché, de démontrer que l'environnement n'était pas l'ennemi du pouvoir d'achat.
Évoquant ainsi la remise à la pompe de 18 centimes par litre qui entre en vigueur vendredi, il a expliqué que ce "geste pour le consommateur" ne pouvait être qu'"une mesure provisoire" en raison de son coût "pour le contribuable".
- "Bonjour les sangliers !" -
Ce qui est "bon pour la planète" et "pour le portefeuille" est, selon lui, d'"accélérer la transition" en adoptant des moyens de transports moins consommateurs d'énergie fossile et moins polluants.
Afin d'encourager le passage aux véhicules hybrides et électriques, actuellement "plus chers", il a indiqué que, s'il était réélu, serait proposé un "système de leasing" avec un paiement de "80 à 100 euros par mois", qui irait de pair avec "une intensification des bornes électriques".
Pour réduire la facture énergétique, qui a explosé avec la guerre en Ukraine, il s'agit d'abord de promouvoir "la sobriété" car "la meilleure énergie est celle qu'on ne consomme pas", a insisté Emmanuel Macron, faisant écho à une priorité mise en avant par le candidat écologiste Yannick Jadot.
Mais, fidèle à son "en même temps", le président-candidat veut aussi promouvoir une "écologie du progrès" basée à la fois sur le renouvelable et le renouvellement du parc nucléaire. "Ce n'est pas vrai qu'en abandonnant le nucléaire, on y arrivera (...) mais ceux qui disent +tout nucléaire+ se trompent aussi".
Sur ce sujet, Emmanuel Macron a adressé un hommage inattendu au candidat LFI, en reprenant son concept de "planification écologique". "J'assume ce terme, qui a plutôt été ces dernières années dans la bouche de Jean-Luc Mélenchon. Ne voyez pas là une conversion de ma part, mais je suis pragmatique: quand des méthodes proposées me paraissent bonnes, il faut savoir les adapter", a-t-il expliqué.
Il a par ailleurs assumé le soutien public apporté cette semaine par l'influent président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, qui a fait bondir Yannick Jadot.
"On ne va pas faire la ruralité dans nos campagnes en disant qu'on ne veut plus des chasseurs" car, sans eux, "bonjour les sangliers !", a-t-il lancé.
La réception de chasseurs à l'Élysée avait été la raison invoquée par le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot pour démissionner du gouvernement en août 2018. Ce départ tonitruant a contribué à brouiller le bilan environnemental du quinquennat, avec le volte-face sur le glyphosate ou la polémique sur la mise en oeuvre des propositions de la Convention citoyenne sur le climat.
"Je défends mon bilan et mes résultats", a affirmé Emmanuel Macron, en se félicitant du doublement de "la baisse des émissions de gaz à effet de serre" depuis 2017.