Emmanuel Macron est arrivé lundi en Nouvelle-Calédonie pour débuter une tournée d'une semaine dans le Pacifique au cours de laquelle il doit se pencher sur le casse-tête institutionnel du territoire d'Outre-mer, sur fond de menace de boycott d'une partie du camp indépendantiste.
A son arrivée à l'aéroport de La Tontouta de Nouméa peu après 18H00, 09H00 heure de Paris, le chef de l'État a affirmé être venu ouvrir "une nouvelle page" après "les trois référendums" qui "ont permis, conformément aux accords, à la population de s'exprimer".
Ces trois scrutins ont confirmé qu'une majorité de la population n'était pas favorable à l'indépendance de l'archipel.
Emmanuel Macron a assuré aux journalistes réunis sur le tarmac vouloir "aussi poser les bases de ce cadre à venir, de ce projet à venir, du statut à venir" pour ce territoire.
Les référendums "ancrent dans la durée la Nouvelle-Calédonie avec la France dans la République et cela suppose ensuite de travailler sur des sujets politiques, des sujets institutionnels, des réformes de la Constitution", a-t-il précisé, rappelant qu'il s'exprimerait sur ces questions pendant sa visite.
Il prévoit de faire "des annonces": "en particulier pour nos militaires qui viendront démontrer justement l'importance de ce territoire, sa projection en Indo-Pacifique".
Peu après son arrivée, le chef de l'Etat doit enregistrer une interview en duplex qui sera diffusée dans les journaux de 13H00 de TF1 et France 2, pour clore la séquence politique des "100 jours", entamée mi-avril après la crise des retraites et qui a abouti à un remaniement ministériel la semaine dernière.
La visite va ensuite débuter par un geste symbolique: le président doit remettre lundi soir les insignes de commandeur de la Légion d'honneur à Marie-Claude Tjibaou, veuve du leader kanak assassiné Jean-Marie Tjibaou.
Lors de son premier déplacement en Nouvelle-Calédonie en 2018, Emmanuel Macron avait remis au gouvernement collégial du territoire les deux actes de prise de possession de ce territoire, en 1853, au nom de Napoléon III.
"Nous ne sommes plus au temps de la possession", avait-il dit alors.
- "Contentieux colonial" -
Mais les indépendantistes continuent de demander des actes en termes de réparations pour tourner la page du "contentieux colonial".
Une section du nord de l'île de l'Union calédonienne, principal parti des indépendantistes du Front de libération national kanak socialiste (FLNKS), a dénoncé dans un communiqué la venue du chef de l'État, accusé d'être favorable à "la frange radicale non-indépendantiste".
Le FLNKS conteste toujours le troisième et dernier référendum d'autodétermination, prévu par l'accord de Nouméa de 1998, qui s'est tenu en 2021 et s'est soldé comme les deux premiers par un "non" à l'indépendance. Les indépendantistes l'avaient boycotté.
Il appelle à manifester en marge de la visite présidentielle mardi à Touho, sur la côte est, et mercredi à Nouméa où Emmanuel Macron doit prononcer un discours.
Elle entend aussi boycotter la réunion de tous les acteurs politiques prévue mercredi autour du président, en soulignant que le FLNKS n'a pas encore accepté le principe de négociations tripartites sur le futur statut institutionnel du territoire.
Emmanuel Macron se rendra ensuite jeudi au Vanuatu et vendredi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où il sera le premier président français à se rendre dans des îles non françaises du Pacifique.