Le groupe M6 exige que les utilisateurs de Molotov paient à l'avenir pour regarder ses chaînes gratuites en direct, a annoncé vendredi la plateforme de télévision en ligne.
Dans le cadre de la renégociation de ses contrats avec Molotov, le groupe dirigé par Nicolas de Tavernost veut faire payer davantage la plateforme, qui permet de regarder la télévision en direct ou à la demande sur ordinateur, tablette ou mobile, et revendique aujourd'hui près de 2 millions d'utilisateurs mensuels.
Lancée en 2016, Molotov a déjà des accords financiers avec les groupes de télévision pour rediffuser leurs programmes en différé. La plateforme, gratuite, se rémunère en proposant des options d'enregistrement des programmes et des bouquets de chaînes payantes.
Mais M6, dont le contrat arrive à son terme dans quelques semaines, exige désormais que Molotov rémunère la diffusion en direct de ses chaînes gratuites, M6, W9 et 6Ter, comme il vient de le faire avec les opérateurs télécoms et Canal+, selon des informations du Figaro confirmées par Molotov à l'AFP.
M6 exige également que ses chaînes sortent du bouquet gratuit de Molotov et fassent partie des options payantes proposées par Molotov, ce qui mettrait le modèle de la plateforme en grande difficulté.
Molotov a opposé une fin de non-recevoir à M6, dans un courrier daté de mercredi.
"Ce qui est étonnant, c'est que de son côté, (M6) continue de proposer gratuitement M6, W9 et 6Ter aux téléspectateurs, via sa plateforme 6play. Cela s'apparente à de la distorsion de concurrence", a critiqué Jean-Marc Denoual, le cofondateur de Molotov.
"Nous sommes favorables au partage de valeur", a-t-il souligné à l'AFP. "Mais cette clause particulière de M6 pose une question qui n'a pas été tranchée". Molotov demande une médiation et indique avoir déjà "alerté" le CSA, la DGCCRF, et l'Autorité de la concurrence. Cette dernière a confirmé avoir été contactée.
Thomas Follin, DG adjoint de M6 en charge des activités de distribution, a expliqué au Figaro que le groupe a "toujours commercialisé (ses) chaînes et services au sein des bouquets payants de télévision des distributeurs".
"Il y a 2 ans, Molotov nous a proposé d'expérimenter un modèle Freemium (une offre gratuite avec des suppléments payants, ndlr). Nous avons accepté de faire une exception et de les accompagner", explique Thomas Follin. "Deux ans plus tard, la valeur ajoutée que nous en tirons pour nos chaînes thématiques ne justifie pas que nous poursuivions".
D'autant plus que M6 et France Télévisions militent pour une alternative à Molotov. Nicolas de Tavernost a manifesté son intérêt pour la création d'une plateforme en ligne qui regrouperait les contenus des chaînes françaises publiques et privées, regroupant d'abord sous une même marque MyTF1, France.tv et 6play. Une plateforme défendue également par la patronne de France Télévisions Delphine Ernotte.