La vallée de la chimie, au sud de Lyon, 5e site le plus émetteur de CO2 en France, est candidate au label "zone industrielle bas carbone" permettant des aides d'Etat pour la décarbonation, ont annoncé mardi les partenaires publics et privés du projet.
Le dossier a été défendu la semaine passée devant l'Agence de l'environnement et de maîtrise de l'énergie (Ademe) par huit des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre du site, dont Arkema, Kem One ou Total Energies, a indiqué le président écologiste de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, "optimiste" sur l'obtention de ce label d'ici "la fin de l'année".
Après Dunkerque, Fos-Marseille, Le Havre et le port de Nantes-Saint-Nazaire, la vallée de la chimie entend à son tour être retenue dans ce dispositif, dit ZIBAC, permettant le financement d'études qui visent à identifier les moyens que pourraient mutualiser les industriels.
Des projets autour d'une future centrale de biogaz ou du partage de la ressource en eau ont été évoqués par les industriels. Procédure en cours oblige, les détails n'ont pas été fournis.
A travers sa structure "Mission Vallée de la chimie", la métropole souhaite favoriser le dialogue collectivités-industriels, notamment sur les questions environnementales, alors que 25% des émissions de gaz à effet de serre de son territoire proviennent de ce site déployé sur 14 communes et employant directement 15.000 personnes, dont 2.500 chercheurs.
La chimie "consomme environ 33% du gaz et 20% de l'électricité utilisée dans l'industrie en France" et "l'approvisionnement en énergie représente un très gros enjeu en terme de compétitivité", a également rappelé devant la presse, à l'occasion du 170e anniversaire de la première implantation d'une usine chimique le long du Rhône, Caroline Prieur, cheffe de projet à la Mission.
"Si on veut être exigeant avec les industriels, il faut trouver des modèles économiques viables sur la durée, ce qui passe" notamment par "le maintien des terrains productifs, sans céder à la pression de les transformer en logements ou bureaux", a aussi insisté M. Bernard.
Sur cette problématique du foncier, il a annoncé la création à Feyzin d'un "village de l'économie circulaire", dont "le premier lot devrait sortir fin 2026", destiné à accueillir notamment 18 entreprises du recyclage, pour 750 à 1.000 emplois. Le site avait été initialement retenu par le groupe Safran pour une usine de freins carbone.
La métropole a cependant reconnu qu'elle n'avait pas de "pouvoir de police environnementale", comme le dit sa vice-présidente à l'Economie Emeline Baume qui veut croire à la "redevabilité" des industriels. "On préfère produire les objets du quotidien ici avec nos normes sociales et environnementales plutôt que de les importer de pays sans traçabilité".