Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, puissante voix des pays du "Sud global", est attendu jeudi en France pour une visite d'Etat, au cours de laquelle seront abordés la guerre commerciale de Donald Trump et les conflits en Ukraine et à Gaza.
Il s'agit de la première visite d'Etat d'un président brésilien en France depuis 2012. Elle se déroule à quelques jours de la 3e conférence de l'ONU sur les océans organisée à Nice (sud-est de la France), et sur fond d'opposition française à l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur.
M. Lula, qui avait accueilli en mars 2024 Emmanuel Macron, déjeunera jeudi en tête à tête avec son homologue français avant un dîner d'Etat le soir.
Les deux dirigeants aborderont les questions bilatérales -plus d'une douzaine d'accords devraient être signés- ainsi que les grands sujets internationaux.
Dans le contexte mondial mouvementé, marqué notamment par les surtaxes douanières imposées par le président américain Donald Trump à ses partenaires, et par les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, "il est d'autant plus important de retrouver des convergences avec le Brésil, un grand État émergent" qui assure cette année la présidence tournante du bloc des Brics, souligne l'Elysée.
La France compte notamment sur la mobilisation du Brésil, qui a reconnu l'Etat palestinien en 2010, pour peser sur l'issue de la conférence organisée par la France et l'Arabie saoudite à l'ONU mi-juin, visant à redonner un élan à une solution politique au conflit israélo-palestinien.
"Il n'y aura pas de paix tant que qu'on n'aura pas conscience que le peuple palestinien a droit à son Etat", a déclaré Lula mardi, lors d'une conférence de presse à Brasilia, quelques heures avant son voyage pour Paris.
"C'est justement en raison des souffrances du peuple juif dans son histoire que le gouvernement d'Israël devrait traiter le peuple palestinien avec humanisme et bon sens", a ajouté le président brésilien, qualifiant l'offensive israélienne à Gaza de "génocide", comme il l'avait déjà fait à plusieurs reprises par le passé.
- Environnement et climat -
Concernant l'Ukraine, la France "compte présenter au président Lula l'état du dossier", avec "une partie agressée qui est prête à la paix, et une autre partie, l'agresseur, qui refuse toute proposition de paix ou de dialogue".
Le Brésil continue à entretenir de bonnes relations avec la Russie et Lula était à Moscou le 9 mai pour les commémorations de la victoire contre l'Allemagne nazie, où il a été reçu par le président russe Vladimir Poutine.
En pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, le président Lula devrait de nouveau plaider pour l'accord commercial Mercosur entre l'Union européenne et l'Amérique latine, auquel Paris est toujours opposé, contrairement à l'Allemagne ou l'Espagne. "Il y a un nouveau contexte international" qui pousse en faveur d'un tel accord, fait valoir la diplomatie brésilienne.
Cet accord de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay devrait notamment permettre à l'Union européenne d'exporter plus facilement ses voitures, machines, produits pharmaceutiques ou spiritueux.
MM. Lula et Macron aborderont par ailleurs les questions climatiques et d'environnement, à quelques mois de la la conférence de l'ONU sur le climat, qui se tiendra en novembre dans la ville amazonienne de Belem (nord).
Interrogé cette semaine par le quotidien français Le Monde sur un projet controversé d'exploration de pétrole off-shore près de l'Amazonie, auquel il est ouvertement favorable, Lula a défendu sa position.
"Le Brésil ne va pas renoncer à une richesse importante pour son développement (...) c'est justement l'argent du pétrole qui va nous permettre de financer notre transition énergétique. Il n'y a donc aucune contradiction", a-t-il souligné dans cet entretien publié mardi.
Après sa visite à Paris, au cours de laquelle M. Lula visitera notamment le Grand Palais où s'exposent des artistes brésiliens comme Ernesto Neto, le président brésilien participera le 8 juin à un sommet économique à Monaco, puis sera à Nice le 9 avec le président Macron pour l'ouverture de la conférence sur les océans.
La protection d'un océan pollué, surchauffé et surpêché sera au coeur des débats, dont beaucoup espèrent voir émerger de l'argent et des actions concrètes pour protéger la vie marine.