A l'orée du salon de Francfort, Greenpeace dénonce l'impact de l'automobile sur la planète

Près d'un dixième des émissions mondiales de gaz à effet de serre: c'est, selon l'ONG environnementale Greenpeace, le bilan carbone 2018 de l'industrie automobile, pointée du doigt pour son impact sur l'environnement juste avant le lancement du salon automobile de Francfort, en Allemagne.

"Au total, les 12 constructeurs qui ont été passés au crible pour ce rapport sont responsables de 4,3 gigatonnes d'émissions carbone", explique Greenpeace mardi matin. "En extrapolant ce chiffre et avec 86 millions de véhicules vendus en 2018, on estime que l'ensemble de l'industrie automobile est responsable de 4,8 gigatonnes d'émission carbone, soit 9% des émissions de gaz à effet de serre".

Les plus gros constructeurs sont logiquement les plus gros pollueurs: Volkswagen arrive en tête des émissions, devant Renault-Nissan, Toyota, General Motors et Hyundai-Kia. A eux cinq, ils représentent 55% des émissions carbone de la filière. "Nous demandons à cette industrie de changer radicalement, ou d'être responsable devant l'Histoire", estime Greenpeace, pour qui "son inaction nous prive d'un avenir plus vert, plus propre, avec davantage de chances de survie".

Cette annonce intervient à quelques heures de l'ouverture mardi des journées professionnelles du salon automobile de Francfort, qui accueillera le grand public du 12 au 22 septembre.

L'événement biennal est déjà bousculé par "le +dieselgate+ (scandale des moteurs truqués de Volkswagen), puis le départ manqué dans l'électrique", expliquait dimanche Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research (CAR), basé en Allemagne.

L'automobile dans son ensemble traverse une période de troubles: bouleversements technologiques qui engloutissent des milliards d'euros d'investissements, guerres commerciales, menaces de Brexit dur, et, en Europe, l'entrée en vigueur l'an prochain de plafonds d'émissions de CO2 qui contraignent les constructeurs à une électrification des véhicules à marche forcée.

Mais aux yeux de Greenpeace, "l'amélioration de l'efficacité de l'essence et des véhicules hybrides ne sont plus des solutions suffisantes à la crise climatique. Au contraire, ils retardent les changements fondamentaux nécessaires, et la progression actuelle des ventes de SUV (4x4 urbains, NDLR) est une menace de plus pour notre climat".

Greenpeace Allemagne a d'ailleurs mené ce week-end une action contre un cargo transportant des SUV à Bremerhaven, dans le nord du pays, sous la bannière "Klimakiller an bord", +tueur de climat à bord+. "Chaque vente de SUV nous condamne à des émissions de CO2 plus élevées sur l'ensemble de sa durée de vie", regrette Greenpeace dans son rapport, arguant qu'ils émettent davantage de gaz à effet de serre que les autres types de véhicules.

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