Nouveau revers pour la gauche sur l'écologie: sous les coups de boutoir de la droite et du RN, les députés ont approuvé mercredi de nouvelles dérogations au principe de "zéro artificialisation nette" (ZAN), dans le cadre du projet de loi sur la simplification économique.
D'une courte majorité de 105 voix contre 97, l'Assemblée nationale a adopté un article permettant notamment de "dépasser jusqu'à 30%" la limite de surfaces naturelles aménageables, et ce "sans justification". Le dispositif ZAN a pour but de lutter contre la bétonisation des espaces naturels et agricoles.
Auparavant, droite, RN et une partie des macronistes avaient aussi fait passer de justesse (77 voix contre 75) un amendement excluant du décompte du ZAN les constructions reconnues par décret comme "projet d'intérêt national majeur".
Ce qui revient à "vider complètement le ZAN de sa substance, et j'en suis ravi", s'est félicité l'élu RN Pierre Meurin. "Nous ne voulons plus du ZAN. Donc évidemment on cherche à le détricoter par tous les bouts de fil qui peuvent dépasser", a même affirmé son collègue Kevin Mauvieux.
Objectif partagé avec le député LR Ian Boucard, président de la commission qui a étudié le texte, et qui a revendiqué d'avoir ainsi "considérablement amenuisé le ZAN" pour "permettre d'avoir beaucoup plus de projets industriels dans notre pays".
Au grand dam de la gauche, qui a échoué à convaincre comme l'écologiste Nicolas Bonnet qu'"il faut qu'on arrête d'aménager et qu'on ménage davantage notre environnement". Car comme l'a fait valoir sa camarade Lise Belluco "si on ne commence pas se restreindre (...) il y aura de la casse tôt ou tard".
Également opposé à ces entailles au ZAN - né en 2021 de la convention climat convoquée par Emmanuel Macron - le gouvernement n'a pu que prendre acte des divisions de son bloc central, qui a fait pencher la balance à droite.
L'exécutif a néanmoins préservé la mesure initiale de l'article, destinée à faciliter la création de datacenters, en rendant ces vastes centres de données numériques éligibles au titre de "projet national d'intérêt majeur".
Le ministre de l'Industrie Marc Ferracci a en outre fait voter une enveloppe de "10.000 hectares pour l'industrie", non soumise au ZAN, et annoncé l'examen à venir d'une proposition de loi "à l'automne" pour assouplir le dispositif.