Loi mobilités: les ONG appellent les parlementaires au "sursaut"

Les grandes ONG environnementales et l'Unicef France ont appelé mercredi les parlementaires au "sursaut" pour renforcer le projet de loi mobilités, au nom du climat et de la qualité de l'air.

"Ce projet, rapporté aux recommandations du Giec (les experts climat de l'ONU), est insuffisant pour inverser la tendance dans les émissions de gaz à effet de serre des transports", premier secteur émetteur en France, a souligné devant la presse Lorelei Limousin, du Réseau Action Climat.

Le texte doit être examiné en plénière à l'Assemblée nationale à partir de la semaine prochaine.

Une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a "montré que trois quarts des enfants en France respirent un air pollué", selon Sébastien Lyon, directeur général de l'Unicef France.

Le fonds de l'ONU pour l'enfance s'alarme des conditions de mise en place des zones de circulation restreinte dans les villes, appelant à ce que la loi mentionne l'inclusion des établissements accueillant des publics exposés (crèches, écoles...).

M. Lyon a déploré le "rétropédalage" sur l'apprentissage du vélo à l'école, et le développement insuffisant des alternatives à la voiture diesel et essence. "Il y a une ministre qu'on aimerait entendre (sur cette loi), c'est la ministre de la Santé Agnès Buzyn", a-t-il ajouté.

Les ONG ont appelé les parlementaires, et le gouvernement, à fixer un objectif daté pour la fin de vente des voitures à moteur thermique. Ce devrait être 2030 et pas 2040, "trop tard" si la France veut respecter l'accord climat de Paris, a insisté la Fondation Nicolas Hulot.

Autres revendications: rendre obligatoire le "forfait mobilité durable" à destination des salariés, imposer un plus fort taux de décarbonation des flottes d'entreprise (élargi aux petites sociétés et compagnies de VTC et taxis).

Les ONG appellent à supprimer progressivement les avantages fiscaux aux transports routiers, à permettre aux régions qui le souhaitent de mettre en place une "écotaxe", et à instaurer un prélèvement sur les billets d'avion.

"Pour passer à une vraie transition, au-delà des discours, le gouvernement doit inclure des moyens, et le moyen c'est la fiscalité", a résumé Michel Dubromel, président de France Nature Environnement.

"L'ambition n'est pas là", a regretté le directeur de Greenpeace France, Jean-François Julliard, en citant "le vélo, les flottes privées, le transport de marchandises".