Loi Duplomb: des associations demandent au président Macron de provoquer un réexamen

Deux associations de protection de la nature ont demandé mardi au président de la République d'utiliser son pouvoir constitutionnel pour provoquer un réexamen de la loi Duplomb, très décriée pour son impact environnemental et qui a rassemblé contre elle près d'1,7 million de signatures de citoyens.

"Au nom de l'indignation exprimée par plusieurs centaines de milliers de Françaises et de Français, nous vous demandons solennellement, en application de l'article 10 de notre Constitution, de ne pas promulguer cette loi en l'état, et de la renvoyer au Parlement pour un nouvel examen", écrivent la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et l'association Humanité et Biodiversité dans une lettre ouverte adressée mardi Emmanuel Macron.

Cet article de la Constitution prévoit que le Président de la République peut "demander au Parlement une nouvelle délibération de la loi ou de certains de ses articles", sans refus possible.

Interrogé lundi par l'AFP sur cette hypothèse, déjà réclamée par une partie de la gauche, l'entourage du président a répondu que "le chemin de cette loi n'(était) pas terminé puisque le Conseil constitutionnel a été saisi". "Le président ne peut dès lors pas s'exprimer tant que les Sages n'ont pas rendu leur décision", attendue d'ici le 10 août.

Si Emmanuel Macron faisait usage de ce pouvoir, rarement utilisé au cours de la Ve République, une telle décision pourrait déclencher une crise gouvernementale avec les LR au coeur de l'été.

Plusieurs voix au sein du camp présidentiel, dont la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, ont demandé de saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et le gouvernement s'est dit "disponible" pour un nouveau débat au Parlement.

La loi du sénateur LR Laurent Duplomb, adoptée le 8 juillet, autorise notamment la réintroduction sous condition de l'acétamipride, un pesticide interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe.

Ce produit, toxique pour la biodiversité et potentiellement pour la santé humaine, est réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n'avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale des producteurs étrangers.