L'interprofession française des semences a affiché sa volonté d'ouverture aux défenseurs des semences paysannes mercredi, lors de la présentation de sa nouvelle identité, mais ces gages restent contestés.
"On a mis assez longtemps à accepter que nos sujets, nos métiers soient devenus des sujets ou des préoccupations pour la société, les consommateurs et les citoyens", a déclaré lors d'un entretien à l'AFP François Desprez, président du Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences et plants), rebaptisé Semae (prononcer Sémaé) à compter de mercredi.
Semae érige donc "l'ouverture" comme priorité première de sa feuille de route pour les années à venir (2021-2023): "Très souvent, notre interprofession est vue ou a été considérée comme étant le lobby des semenciers, en particulier des plus grandes entreprises semencières, on pense à Bayer-Monsanto, à Syngenta, à un petit nombre de multinationales (...) alors que notre interprofession n'est pas un syndicat, n'est pas un lobby", a assuré François Desprez.
Afin d'en apporter une démonstration concrète, les dirigeants de l'interprofession ont souhaité ouvrir le conseil d'administration à l'ensemble des syndicats agricoles représentatifs, y compris des défenseurs des semences de ferme et des semences paysannes, comme la Confédération paysanne.
"On n'a très longtemps parlé que de semences certifiées, les semences fermières, c'est aussi une réalité, ça fait partie de l'environnement des semences", a déclaré Pierre Pagès, vice-président de Semae, affichant une "volonté de s'ouvrir à tout ça".
Les semences de ferme sont issues directement de la multiplication des semences commerciales. Les semences paysannes sont sélectionnées et produites par des paysans.
Toutefois, la Confédération paysanne souhaite des assurances avant de s'asseoir à la table de l'interprofession: "Le Gnis nous a demandé effectivement de désigner des représentants de la Confédération paysanne à son conseil d'administration, ce à quoi on a répondu qu'on voulait savoir à quel titre on était invité", a déclaré à l'AFP Guy Kastler, responsable de la commission OGM et semences à la Confédération paysanne.
"Est-ce qu'on est invité en tant qu'utilisateurs de semences commerciales uniquement ou est-ce qu'on est invité aussi en tant que producteurs de semences de ferme ou de semences paysannes?" demande M. Kastler, qui souhaite "savoir si le périmètre du Gnis se limite aux semences commerciales ou concerne toutes les semences utilisées en France".
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