La ville de Limoges a annoncé vendredi vouloir réutiliser ses aqueducs gallo-romains souterrains datant de 2.000 ans pour récupérer de l'eau non potable afin d'arroser ses parcs et jardins.
Ces ouvrages d'art, construits à partir de l'an 30 de notre ère sur demande de l'équivalent du maire de l'époque, Postumus, aristocrate gaulois romanisé, servaient à alimenter en eau de source Augustoritum et ses quelque 15.000 habitants.
Deux mille ans plus tard, le maire actuel Emile Roger Lombertie (LR) souhaite "les nettoyer" et "mettre en place les outils pour utiliser cette eau qui circule dans la ville" et se déverse dans les égouts et la Vienne.
"Au lieu qu'elle soit détournée dans les égouts, elle servira pour l'arrosage", a-t-il annoncé lors d'une conférence de presse.
L'aqueduc principal d'Aigoulène, long de 7 kilomètres et large de 90 centimètres, présentait un débit de 2500 m3 par jour, selon une estimation réalisée par des ingénieurs au XIXe siècle.
Cette eau constitue "une manne incroyable", estime Marie-Anne Robert Kerbrat, chargée du développement durable à la ville.
Docteur en archéologie, Jean-Pierre Loustaud remarque qu'il est possible d'utiliser de nouveau l'eau qui coule sous la ville de Limoges et que cela a déjà été fait.
"Vers 1780, alors que l'hôpital de Limoges connaissait de gros problèmes d'alimentation en eau, un boyau souterrain avait dû être creusé pour raccorder l'aqueduc dit des Jacobins à un tronçon de l'aqueduc romain, parfaitement conservé" a-t-il expliqué.
Pour réaliser l'aqueduc d'Aigoulène, les Romains avaient dû extraire environ 11.000 m² de roches, entre 6 et 15 m de profondeur. Et pour alimenter les thermes, les fontaines et certaines maisons de la ville, ils avaient créé des barrages en amont dans la galerie, utilisant des canalisations de plomb ou de bois pour faire jaillir l'eau sous pression.
Selon M. Loustaud, il suffirait d'utiliser cette même technique. "Aux ingénieurs d'aujourd'hui de relever le défi. Si les Romains l'ont fait, pourquoi pas nous ?".