Il faut "examiner les solutions alternatives" à un projet controversé de ligne aérienne à très haute tension entre le Gard et les Bouches-du-Rhône et l'insérer dans un "programme d'ensemble de décarbonation et de réindustrialisation" de la région, selon les conclusions d'un débat indépendant.
La Commission nationale du débat public (CNDP, autorité indépendante) avait été chargée d'organiser un "débat global" sur ce thème, après de vives protestations d'ONG, d'acteurs publics, privés et d'élus locaux comme de parlementaires contre ce projet de ligne à 400.000 volts.
Il est censé partir de Jonquières (Gard) jusq'à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), avec l'implantation de 180 pylônes de 50 à 90 mètres de haut sur les 65 kilomètres de parcours, qui traverse notamment une partie de la réserve naturelle du parc de Camargue.
Une infrastructure essentielle à la sécurisation de l'approvisionnement électrique de la région, ainsi qu'à la décarbonation et la réindustrialisation de la zone de Fos-Berre selon les industriels et l'Etat, qui estime que les investissements projetés pourraient atteindre entre 16,9 et 19,9 milliards d'euros (à 72% privés et 28% publics) d'ici à 2030. Avec à la clé, la création potentielle de 10.000 à 12.000 emplois directs.
Au total, "nous avons étudié 51 projets' d'industriels, "il y a un foisonnement et la viabilité des différents projets a été beaucoup débattue", a déclaré Audrey Richard-Ferroudji, présidente de ce débat inédit organisé pendant trois mois avec tous les acteurs, en présentant lundi à la presse le compte-rendu, un document de près de 200 pages, disponible sur le site de la CNDP.
Les opposants à la ligne THT ont proposé un contre-projet d'enfouissement total ou partiel, mais beaucoup plus coûteux et long à mettre en oeuvre.
Les "recommandations" - non-contraignantes - préconisent notamment de "mettre en débat les alternatives au projet" de ligne aérienne et d'étudier "les impacts des différentes solutions de raccordement sur les plans socio-économiques et environnemental", a souligné Mme Richard-Ferroudji.
Les conclusions proposent aussi de "préciser les scénarios d'évolution des besoins" en électricité au vu du calendrier possible de réalisation des projets. RTE, le gestionnaire français des lignes à haute tension, dit s'attendre à un doublement de la demande de puissance électrique.
Egalement recommandées, "la constitution d'un programme d'ensemble de décarbonation et de réindustrialisation", notamment de la zone industrielle de Fos, la deuxième plus polluante du pays et la création "d'une structure de gouvernance ouverte à un large public pour porter le programme".
Les différents acteurs auxquels sont adressées "demandes de précisions" et "recommandations" ont trois mois pour faire part de leurs réponses.