Les lignes ferroviaires à grande vitesse prévues entre Bordeaux, Toulouse et Dax (en direction de l'Espagne) suscitent des oppositions dans le Sud-Ouest, avec une manifestation samedi en Gironde.
Voici les principaux chiffres du chantier:
- 73 minutes
C'est le gain de temps prévu pour relier Toulouse à Paris, en 3 heures 10 contre 4 heures 23 aujourd'hui. Le trajet entre Dax et la capitale, lui, doit être raccourci de 20 minutes et, dans une phase future, permettre des liaisons directes avec l'Espagne en 2 à 3 heures de moins qu'actuellement.
Pour les partisans de la LGV, des travaux au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse - où ils ont débuté cette année - feront "sauter les bouchons ferroviaires" actuels et permettront la mise en place de RER métropolitains dans deux agglomérations à forte croissance démographique, tandis que de nouvelles gares, comme à Mont-de-Marsan, vont "désenclaver" des zones moins peuplées et peu desservies par le train.
Les opposants prônent une rénovation des lignes existantes afin de développer les "trains du quotidien"... mais les travaux "bloqueraient" les voies actuelles durant plusieurs années, rétorquent les pro-LGV.
- 14,3 milliards d'euros
C'est le coût estimé, selon un chiffrage de 2020 qui ne prend pas en compte l'inflation des dernières années, ni celle attendue jusqu'à la fin du chantier prévue en 2032.
Le financement est réparti entre l'État (40%), les collectivités des régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine (40%) et l'Union européenne (20%).
Mais l'arrivée des fonds européens, débloqués au fil de l'eau pour créer des lignes transnationales, reste à ce jour incertaine, avertissent les anti-LGV.
- 2.340
C'est le nombre de communes où les habitants doivent s'acquitter, durant les 40 prochaines années, d'une nouvelle "taxe spéciale d'équipement", rebaptisée "taxe LGV", pour financer le projet.
Cette contribution, qui ajoute à la taxe foncière une ligne d'une dizaines d'euros en moyenne, s'applique à toute ville ou bourgade située, sur le papier, à moins d'une heure en voiture d'une gare du tracé.
Elle suscite un début de fronde fiscale dans les campagnes concernées.
- 5.000 hectares
C'est la superficie totale artificialisée par le chantier, selon ses opposants.
"Fake news", répondent les promoteurs: des "centaines d'hectares de foncier" ont déjà été acquis pour "renaturer" et l'artificialisation nette finale tombera à 870 hectares selon eux.
La proximité du tracé, qui coupe par la forêt landaise, avec le Parc naturel régional des Landes de Gascogne et la hêtraie multi-millénaire du Ciron en Gironde, fait hurler localement défenseurs de l'environnement, viticulteurs, sylviculteurs et certains chasseurs.
- 10.000
C'est le nombre de camions empruntant chaque jour l'autoroute A63 entre l'Espagne et Bordeaux.
Cette marée sera, à terme, "sortie" des routes et rocades du territoire, la LGV devant libérer les voies actuelles pour le fret, assure le président de la Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset - ce qui n'a pas été observé entre Paris et Bordeaux après la mise en service de la LGV en 2017.
Ce report modal, et celui de l'avion vers le train escompté entre Paris et Toulouse, mettra "une dizaine d'années" au moins à compenser les émissions de CO2 générées par le chantier, estimées entre 2,5 et 4,5 millions de tonnes équivalent CO2 selon deux rapports distincts publiés par les pros - avant une "réévaluation" prochaine - et anti-LGV.