LFI entend censurer Bayrou sur fond de bras de fer parlementaires, sans réelle chance de succès

Les députés Insoumis, soutenus par les écologistes, défendront mercredi une nouvelle motion de censure contre "un coup de force" du gouvernement Bayrou, vouée à l'échec en l'absence de voix suffisantes du PS et du RN.

"Nous sommes fiers (...) qu'il y ait une réaction de respect de la dignité du Parlement", a martelé mardi la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, interrogée sur les faibles chances de succès de cette septième motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou.

"Il y aura la possibilité que chacun se détermine comme député, s'il veut respecter la dignité de sa fonction", a-t-elle poursuivi.

Peu après 14H00, sa collègue Mathilde Hignet montera à la tribune pour défendre une motion de censure déposée par 56 députés LFI et 2 du groupe écologiste. Dans leur viseur : un coup tactique du bloc central, soutenu par l'alliance entre le RN et les ciottistes concernant la loi agricole dite Duplomb-Menonville.

Le texte, clivant, porte notamment une mesure de réintroduction à titre dérogatoire d'un pesticide néonicotinoïde. La gauche avait répondu dans l'hémicycle en déposant une multitude d'amendements (quelque 1.500 écologistes et 800 LFI).

De "l'obstruction" pour les soutiens à cette loi, qui avaient répliqué par une innovation parlementaire: afin de contourner les amendements, ils ont rejeté eux-mêmes le texte de manière préventive, sautant l'étape de l'Assemblée et l'envoyant directement devant une commission mixte réunissant sept députés et sept sénateurs.

Un "coup de force anti-démocratique" martèlent insoumis et écologistes, également échaudés par le soutien du bloc central à une motion de rejet... insoumise, qui a permis lundi de faire sauter la case Assemblée à un texte visant à sécuriser juridiquement le chantier controversé de l'A69.

Mais leurs arguments ne font pas florès.

Le RN ne votera pas la motion de censure "politicienne et non au bénéfice des Français", selon un cadre.

Et même à gauche les voix ne sont pas acquises. Le groupe GDR (communistes et ultramarins) pourrait se diviser selon une source interne.

Quant au groupe PS, il ne votera pas de "motion de censure contre" une manoeuvre parlementaire. "Ça n'a pas grand sens", a argué mardi le porte-parole Arthur Delaporte, renvoyant une éventuelle censure aux suites données par le gouvernement au "conclave" sur les retraites.

Le résultat du scrutin est attendu en fin d'après-midi, mais sans les votes PS et RN, la motion n'a aucune chance d'atteindre la barre fatidique de 289 voix nécessaires pour renverser le gouvernement.

"L'objectif est aussi de donner de la visibilité à la mobilisation contre la loi Duplomb et plus globalement contre les régressions environnementales", espère une députée insoumise.