L'Europe lance sa prochaine génération de satellites d'observation de la Terre

L'Europe a engagé la prochaine phase de son programme Copernicus d'observation de la Terre en désignant les maîtres d'oeuvre industriels pour la prochaine génération de six satellites, chargés aussi bien de la surveillance de la banquise que des émissions de CO2.

Avec Galileo pour la navigation par satellite, Copernicus constitue le programme phare dans la politique spatiale de la Commission européenne et de l'Agence spatiale européenne (ESA).

Sept satellites Sentinel sont déjà en orbite -plusieurs autres sont en construction- et fournissent des données d'observation de le Terre, utilisées aussi bien pour surveiller le climat, la pollution qu'évaluer les dégâts des catastrophes naturelles.

"Il n'y a rien de comparable dans le monde, c'est l'Europe dans ce qu'elle a de meilleur", selon Josef Aschbacher, directeur de l'observation de la Terre à l'ESA.

Lors d'un comité de politique industrielle mercredi, l'ESA a décidé "d'étendre ce système avec une nouvelle génération de satellites", une sorte de "Copernicus 2.0", pour un montant total de 2,5 milliards d'euros, a-t-il expliqué à l'AFP.

Ces six satellites Sentinel, chacun pour une mission spécifique, devraient être lancés entre 2025 et 2029. Un deuxième engin pour chacune des missions est également prévu.

La mission CO2M (Sentinel 7) permettra de surveiller les émissions de CO2 produits par l'activité humaine et ainsi de mieux orienter les politiques pour les réduire. L'allemand OHB a été désigné maître d'oeuvre industriel de cette mission, et Thales Alenia Space (TAS) en France comme partenaire, selon des communiqués des deux groupes.

La co-entreprise entre le français Thales et l'italien Leonardo a pour sa part obtenu la maîtrise d'oeuvre pour trois missions: Chime, CIMR et Rose-L.

La mission Chime (Sentinel 10) fournira des observations hyper spectrales, utiles pour la surveillance des sols et de la végétation. OHB et Leonardo en seront les principaux partenaires.

- Banquise et sécheresses -

La mission CIMR (Sentinel 11) s'intéressera à l'Arctique en y surveillant notamment la température et la salinité de l'eau de mer. Les branches allemandes et italiennes d'OHB y participeront.

Rose-L (Sentinel 12), dirigé par TAS en Italie avec Airbus comme partenaire, utilisera son radar pour surveiller l'humidité et l'affaissement des sols ou encore différencier les différents types de cultures agricoles.

Airbus aura pour sa part la maîtrise d'oeuvre en Espagne de la mission LSTM (Sentinel 8), qui servira notamment à surveiller les sécheresses et les ressources en eau, et en Allemagne de la mission Cristal (Sentinel 9) qui mesurera l'épaisseur de la banquise et la hauteur des calottes glaciaires dans le monde. La branche française de TAS en sera partenaire.

Au total, "le volume des commandes pour Thales Alenia Space résultant des récentes décisions de l'appel d'offres devrait s'élever à environ 1,8 milliard d'euros", estime le groupe dans un communiqué.

C'est une marque de "confiance accordée à notre entreprise qui est présente à bord de cinq des six nouvelles missions Copernicus, dont trois en tant que maître d'oeuvre", se félicite Hervé Derrey, PDG de TAS, cité dans le communiqué.

Dans un communiqué séparé, Airbus se félicite aussi de la décision de l'ESA, rappelant que Copernicus restait le" programme d'observation de la Terre le plus ambitieux à ce jour".

Les deux groupes précisent que les négociations finales avant la signature des contrats doivent débuter prochainement.

Les budgets alloués par l'ESA garantissent un retour géographique à chaque Etat en fonction des investissements de chacun.

Avec "Copernicus 2.0", l'agence spatiale allemande, le DLR" évalue ainsi que 800 millions d'euros bénéficieront aux entreprises allemandes.

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