L'ESA accorde 135 millions d'euros pour le développement du moteur Prometheus

L'Agence spatiale européenne (ESA) a attribué un nouveau contrat de 135 millions d'euros à ArianeGroup pour poursuivre le développement de Prometheus, un démonstrateur de moteur de fusée à bas coût et potentiellement réutilisable, ont-ils annoncé lundi.

L'ESA a également attribué à l'industriel un contrat de 14,6 millions d'euros pour le projet Phoebus. Celui-ci vise le développement de matières composites en carbone pour les réservoirs cryogéniques qui pourraient réduire le coût de fabrication et le poids du futur étage supérieur d'Ariane 6.

Le développement de ces technologies vise à "garantir l'accès autonome de l'Europe à l'espace à des coûts abordables, justifie le directeur du transport spatial à l'ESA, Daniel Neuenschwander, cité dans le communiqué.

Le contrat Prometheus fait suite à un premier financement de 75 millions d'euros accordé en décembre 2017 pour développer ce démonstrateur technologique amené à propulser les fusées de la génération qui suivra celle des lanceurs européens Ariane 6 et Vega C.

Réalisé à 70% en impression 3D, Prometheus vise un coût de fabrication dix fois inférieur à celui du moteur Vulcain propulsant Ariane 5.

Prometheus sera doté d'un système de contrôle numérique afin de réguler la combustion, "permettant au moteur de s'adapter aux conditions de vol du lanceur pendant les différentes phases de la mission", explique ArianeGroup.

"La poussée régulée (...) permet d'ouvrir la voie vers des lanceurs réutilisables", selon André-Hubert Roussel, son président exécutif, cité dans le communiqué.

Prometheus est prévu pour fonctionner avec un mélange oxygène-méthane quand les moteurs européens actuels le sont par un couple oxygène-hydrogène.

Le mélange oxygène-méthane permet de s'affranchir des contraintes liées à la cryogénisation de l'hydrogène et facilite la réutilisation du moteur.

Le contrat de l'ESA prévoit toutefois le développement d'une version hydrogène liquide qui "pourra être utilisée dès 2025 sur une évolution d'Ariane 6", selon l'industriel.

Si l'hydrogène est plus complexe à mettre en oeuvre que le méthane, il offre davantage de puissance, utile par exemple pour des missions d'exploration lointaine.

Le contrat comprend également les moyens de finaliser la phase de démonstration avec les essais à feu des deux premiers prototypes sur le site de l'agence spatiale allemande DLR à Lampoldshausen en 2022.

Il prévoit enfin le développement d'une version du moteur de 120 tonnes de poussée, en plus de la version 100 tonnes et la production de pré-industrialisation avec la production de six moteurs de tests.