Les aléas climatiques ont de nouveau affecté en 2025 les vendanges françaises, estimées mardi à des niveaux proches du volume déjà faible de 2024, en raison d'une canicule et d'une sécheresse aoûtiennes particulièrement dommageables dans le Bordelais et le Languedoc-Roussillon.
Les prévisions de production ont été revues en baisse par rapport à celles présentées début septembre. Selon les estimations établies au 1er octobre, la production viticole française en 2025 atteindrait 36 millions d'hectolitres, très en deçà de la production moyenne de ces cinq dernières années (-16%), a indiqué le service de la statistique du ministère de l'Agriculture.
"Les vendanges, désormais presque achevées, confirment les conséquences défavorables de la canicule d'août sur le potentiel de production dans la plupart des bassins", note-t-il.
L'an dernier, la production avait déjà été minée par les intempéries, que ce soit précipitations, sécheresse ou gel tardif. Le volume des vendanges avait chuté à 36,25 millions d'hectolitres, près des niveaux historiquement bas de 2017 et 2021.
Cette fois-ci, en 2025, la canicule et la sécheresse d'août ont réduit le potentiel, accélérant la maturité des raisins tout en bloquant leur grossissement. Résultat: des baies plus petites avec moins de jus. Les pluies de septembre, arrivées tardivement, n'ont pas permis d'y remédier, explique le ministère.
"Ça a été la déception. On s'attendait à une année normale, et puis la canicule est venue impacter les rendements, ça a brûlé carrément, les raisins ont perdu en volume", a témoigné Dominique Furlan, vigneron dans l'Entre-Deux-Mers (Gironde).
"Plus on avançait dans la récolte et plus on s'apercevait que les rendements avaient fondu", a-t-il expliqué mardi à l'AFP, tout soulignant en revanche "la bonne qualité" de la production.
- Disparités régionales -
Selon le ministère de l'Agriculture, de toutes les catégories de vins, seule la production des appellations d'origine protégée (AOP) devrait progresser, de quelque 5% par rapport à 2024, portée par des hausses en Champagne, Bourgogne, Val de Loire, Corse et dans le Sud-Est. Ce bilan reste malgré tout inférieur de 11% à la moyenne de 2020-24.
Le paysage est de fait contrasté selon les régions.
Dans le Bordelais, les pluies début septembre n'ont pas compensé les pertes, et l'arrachage de 8.000 hectares depuis la récolte de 2024 accentue encore la baisse: la production y serait ainsi légèrement inférieure à celle de l'an dernier, très réduite, et 17% sous la moyenne quinquennale.
Dans le Sud-Ouest, la tendance est similaire.
Pour faire face à la crise du secteur liée notamment à la déconsommation, l'Etat a subventionné plusieurs campagnes d'arrachage de vignes.
En Languedoc-Roussillon, canicule et sécheresse ont limité le niveau de production, puis les pluies ont favorisé le mildiou. Renforcée par l'arrachage de plus de 10.000 hectares, la baisse de production serait de 9% sur un an et de 19% par rapport aux cinq dernières années.
En Alsace, du tri a été nécessaire en raison de la dégradation sanitaire en fin de campagne, et la production reculerait de 9% sur un an.
En Bourgogne, la situation varie même selon les départements. L'Yonne affiche les rendements les plus élevés au contraire de la Côte-d'Or, où la canicule a réduit le jus des baies. La récolte du bassin s'annonce toutefois supérieure de 45% à celle de 2024, fortement affectée par le mildiou.
A l'inverse, dans le Beaujolais, le rendement serait le plus faible depuis au moins 35 ans, conséquence de la canicule, de la sécheresse, du mildiou, de la coulure et de la grêle. La production y est attendue en baisse de 32% sur un an.
Dans le Sud-Est, la production serait proche de 2024, mais inférieure de 10% à la moyenne quinquennale, avec un impact marqué de la canicule en Ardèche, Vaucluse, Bouches-du-Rhône.
En Champagne, Corse et Savoie, les productions dépasseraient celles de 2024. Dans le Val de Loire, en dépit de la canicule, la production dépasserait de 15% celle de 2024.